Du Pelletier, Pierre [1649], LETTRE DV SIEVR DV PELLETIER à Monseigneur le Duc DE BEAVFORT, du dixiesme Feurier 1649. SVR SON HEVREVSE ENTREPRISE pour les Armes du Roy, & des bons François. , françaisRéférence RIM : M0_2201. Cote locale : C_3_53.
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troublé cét honneste loisir, qui est si necessaire
aux Nobles enfantemens de l’esprit. Iugez,
s’il vous plaist, si ie n’ay pas maintenant plus
de suject de me plaindre du malheur de ce siecle,
& de ceux qui en sont les Auteurs, puis que les allarmes
ont mille fois mis en desordre mes plus serieuses
Meditations, & donné de la crainte à mes
Muses, qui ne peuuent estre asseurées qu’à l’ombre
de vos trophées. Ie pourrois faire plaindre ces
Vierges en vers, si le bruit des tambours ne leur auoit
par la peur osté la parole. Toutefois sçachez,
Monseigneur, qu’elles sont bien moins sensibles à
leur disgrace, qu’à celle de ma Patrie, & qu’elles ne
portent que des robbes noires, lors que tout Paris
est en dueil Elles croiroient estre criminelles de se
parer durant ces iours lugubres, & certes elles seroient
sans espoir, si vostre valeur ne leur promettoit
de faire triompher la France malgré les Tirans
qui l’oppriment & de rendre leur Parnasse aussi
pompeux que soubs les Charles-magnes. Quant à
moy, Monseigneur, quoy que ie n’aye aucun commerce
auec les astres ie puis dire pourtant que ie ne
voy que de bons augures, & que c’est aussi vostre
seul courage que ie consulte. Si l’on tire d’infaillibles
presages des choses faites pour les futures que
ne doit on pas se promettre de ce grand cœur qui
combattant pour vne iuste querelle ne voit point
d’ennemis ny de hasards qu’il ne mesprise ? ce noble
cœur de Lyon qui sçait combien la captiuité est


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