D. L. N. P. [signé] [[s. d.]], LETTRE D’VN ECCLESIASTIQVE A VN EVESQVE, Touchant vne Conference qui se fit dernierement dans S: Sulpice, entre le Pere Des-Mares, & le Pere Dom Pierre de S. Ioseph, Fueillant. , françaisRéférence RIM : Mx. Cote locale : B_10_32.
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de l’Eglise, qui ne peuuent estre autres que ceux que
tant de doctes & Saints personnages, ont embrassez dans
tous les siecles ; & s’il employoit les persuasions de son eloquence,
à ramener dans le chemin de la verité, des personnes
simples, & pieuses, qu’vne fausse apprehension, qu’on
leur a jetté artificieusement dans l’esprit, en a écartées.

 

Mais du moins tous ceux à qui l’amour de la nouueauté
n’a pas entierement osté la raison, doiuent iuger de la Conference,
dont nous parlons, qu’il faut que le Iansenisme ayt
bien peu de fondement, puisque le Pere Des-Mares, qui
auoit esté employé pour le defendre, n’osa iamais entrer
en dispute sur vn point qui decide toute l’affaire, & d’où
despend vniquement, ou l’establissement, ou la rúine de la
nouuelle opinion. Et ce qui les doit merueilleusement fortifier
dans cette creance est, qu’il n’y a nulle raison de s’imaginer,
qu’on puisse sans tomber dans l’erreur, preferer
la doctrine de l’Euesque d’Ipre à celle qui est appuyée d’vne
infinité de passages tres forts de S. Augustin, de S. Prosper,
& de S. Bernard, qui sont les trois arcboutans pretendus
du Iansenisme ; comme aussi de quantité d’autres Saincts
Peres, de grand nombre de Cardinaux, d’Archeuesques, &
d’Euesques ; des Docteurs de Paris les plus celebres, des
plus illustres Theologiens de l’Ordre de S. Dominique, &
de S. François & des plus grande hommes qui ayent escrit
en France, en Espagne, en Italie, en Pologne, en Allemagne,
en Angleterre, & en Flandre ; particulierement de
ceux qui ont resisté à l’heresie de Luther, & de Caluin. Et
cette consideration doit auoir d’autant plus de force sur tous
les esprits bien faits, qu’il n’est pas au pouuoir du Pere Des-Mares,
ny de quelqu’autre Ianseniste que ce soit, de respondre
iamais auec quelque solidité au liure dont ie parle, ny
de persuader à des ames raisonnables, qu’il est plus seur d’abandonner
le sentiment si vniuersel de la grace suffisante,
que de renoncer à vne nouuelle secte qui n’est fondee que
sur le caprice d’vn homme audacieux, qui a bien osé par vne
temerité inouye, attaquer vne doctrine si ancienne, si generale,



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