D. F. [signé] [1649], MONOLOGVE OV ENTRETIEN DE MAZARIN SVR SA BONNE ET SA MAVVAISE Fortune. En Vers Burlesques. , françaisRéférence RIM : M0_2490. Cote locale : C_4_59.
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Chacun cherche en son homme à tailler & rogner,
Qui n’y perdra qu’vn bras croira beaucoup gaigner ;
Voyez ces meurtriers blancs de leur meurtriere
Sauter à droict, à gauche, en auant, en arriere,
Le champ est trop petit pour ces corps furibons,
La chevre qui les tient les demene par bonds :
Pour se porter en vain plus de coups qu’ils n’en parent,
Car trois toises d’espace & le vent les separent,
De rage ils battent l’air qui les a separez
Ce conflit dure trop à ces desesperez,
Il n’est espace ou vent, il n’est harnois qui tienne,
Traistre i’auray ta vie, ou tu prendras la mienne ;
Que ces cœurs trop vaillans font de peine à leurs corps,
Voicy coup de partie, helas ! tous deux sont morts :
Non, ils prennent haleine, & le ieu se differe,
Quoy l’vn d’eux se relasche, amy c’est assez faire,
I’esprouue ton courage & tu cognois le mien :
Quel diable veut tremper nos mains au sang chrestien,
L’honneur nous doit fournir de plus nobles querelles,
Reseruons nostre sang contre les Infidelles.
On m’a predit qu’vn iour contre certains chrestiens
Qu’on nommera pour lors frondeurs Parisiens,
Quand le bruit des Romains estourdira la France,
Nous pourrons mieux qu’icy nous targuer de vaillance.
L’autre à qui ces raisons temperent la chaleur,
Si nous auons, dit-il, combatu de valeur,
Combattons de prudence & publions au monde
Que nous gardons ce fer pour ces gens de la fronde,
Comme l’vn aime à viure, & l’autre fuit la mort,
Dans cette simpatie ils sont bien-tost d’accord,

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