Caussin, Nicolas (R. P.) [signé] [1649], LETTRE DV R. P. N. CAVSSIN DE LA COMPAGNIE DE IESVS. A VNE PERSONNE ILLVSTRE Sur la curiosité des Horoscopes. , français, latinRéférence RIM : M0_2132. Cote locale : C_3_75.
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à cette ville infortunée, & il adiouste que leur nombre
estoit 505. qui est la durée de l’Empire des Iuifs, depuis Saül
iusques à Sedecias. Tout cela tient de la plus haute folie que
l’esprit humain puisse produire en ce sujet, où le mensonge
n’a pas mesme aucune suitte ny couleur ; car comment vnze
estoilles, feroient elles vn mot de trois lettres, & qui dira que
le temps est bien calculé, puisque nous sçauons de certaine
science de l’histoire, que le nombre des années du Royaume
des Iuifs de Saül à Sedecias, ne s’estend pas plus loin que 481.

 

Apres tout il faut conclure que s’il y a quelques vrayes
predictions, elles viennent de Dieu & des bons Anges qui
ont tant de fois reuelé aux Prophetes les plus grands secrets
des Empires, & qui se communiquent le plus souuent aux
ames pures & éleuées, quoy que les meschans ayent prophetisé
quelquefois, ainsi qu’il est raporte de Caïfe, les dons gratuitement
donnés, n’estans pas tousiours exclus par l’impureté
de la vie. Que si cela ne vient de Dieu & des bons Anges,
il peut venir des mauuais qui sçauent de la part de Dieu
mesme & des Anges les commissions qu’ils doiuent executer,
sur les Villes, sur les Prouinces, sur les Empires, & sur
les particuliers mesmes, portant les fleaux de la iustice diuine ;
& par ce moyen ils predisent ce qu’ils doiuent faire, &
l’annoncent volontiers à ceux qui leur seruent d’organe,
ainsi que S. Augustin l’a laissé par écrit au liure de la Diuination
des Demons, où il asseure que les pronostiques des Esprits
de mensonge qui viennent par ces voyes, ne laissent
pas d’estre fort veritables, comme estans concertés au Conseil
de Dieu.

S Augustinus
de diuinatione
dæmonum
cap 5.

Sciendum est
illos ea plerumque
prænunciare
quæ
ipsi facturi
sunt, accipiũt
enim potestatem
morbos
immittere, &
ipsum aerem
turbidum reddere,
& peruersis
malefacta
suadere, de
quorum moribus
certi
sunt.

Item cap. 6. si
quid de illa
Dei dispositione
prænunciant,
audiũt
vt pręnunciẽt,
& eum ea prędicunt
quæ
inde audiunt,
non fallunt
neque falluntur.

Ceux qui sçauent quantité de choses secrettes par leur
moyen, se couurent bien souuent du voyle de l’Astrologie,
ce qui la renduë fort odieuse aux gens de bien ; mais il est tres
certain que son art ne va pas iusqu’à faire des predictions si
particulieres, si iustes, & si circonstantiées, & ceux qui se hazardent
de les publier, tombent souuent en erreur & en confusion.

Ie ne veus pas toutefois nier que l’Astrologie bien entenduë,
& prudemment ménagée, selon que les loix diuines &



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