Camaldoli, Michel de (père) [signé] [1649], LETTRE DV PERE MICHEL RELIGIEVX HERMITE DE L’ORDRE DE CAMALDOLI, prés Grosbois, A MONSEIGNEVR LE DVC D’ENGOVLESME, SVR LES CRVAVTEZ DES Mazarinistes en Brie. , français, latinRéférence RIM : M0_2128. Cote locale : C_3_77.
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peuple, il vouloit bien estre rayé du livre de Vie, pour y
laisser les noms des coupables : & S. Paul s’offroit courageusement
d’estre anathéme pour tous les Chrétiens.
Ce mal-heureux que sa cõdition d’Eclesiastique devroit
entretenir dans des sentimens aussi Religieux ; ce tyran
veut regner malgré tous les ordres, & tout le peuple
d’vn Royaume : il devroit offrir le sacrifice de sa vie &
son sang, pour l’expiation du scandale qu’il a causé, &
pour appaiser vn desordre capable de perdre la Couronne :
& tout au contraire, il a veu d’vn œil sec perir des
Seigneurs de condition, il a veu les Princes au mesme
danger ; mais il a veu Dieu en propre personne outragé
pour sa querelle, & il demeure encor pour attendre la
nouvelle de la defaite des Princes, ou de la ruine de la capitale
du Royaume, & de l’extirpation de nostre religion.

 

Equidem
si totum
exercitum
meũ mortem
mihi
optasse
crederem,
hic statim
ante oculos
vestros
morerer :
nec me vita
iuvaret
invisa civibus
&
militibus
meis. Titus
Livius
lib 28.

Ie vous coniure, Monseigneur, de dire librement
vos sentiments à M. le Duc d’Orleans, & à M. le Prince.
Faites voir à l’vn que son insensibilité pour la France, fera
que l’on luy attribuëra iniustement la cause de tous
les mal-heurs : Il a esté le sujet innocent de tous les maux
de l’Europe : c’est luy seul qui a allumé la guerre, puis
qu’elle s’est commencée par le flambeau de ses nopces,
& continuée iusques auiourd’huy par d’autres nouveaux
pretextes, favorisez de son consentement. Il n’a point
eu iusqu’à present les fruîts qu’il desiroit, & que tout le
monde souhaittoit à son mariage, dont i’oserois esperer
qu’il auroit vne plus heureuse suite, s’il changeoit la face
des affaires. Madame a desia merité cette grace du ciel,
qui n’atend que ce bon œuvre & ce bien-fait general de
la Paix, pour donner vne si heureuse recompense à S.
A. R. ces ames masculines sont desia crées dans le Ciel,



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