LETTRE DE MONSEIGNEVR
le Prince à son Altesse Royalle ; Sur le
sujet du retardement de la Paix.
Avssi tost que Vineüil fut arriué aupres de
Moy de la part de vostre A. R. ie fis partir
vn courrier pour repondre à la lettre qu’elle m’auoit
fait l’honneur de m’escrire, & comme i’auois
veu qu’on n’auoit eu aucun respect pour les
passeports de vostre Altesse Royalle à Poictiers,
& qu’on auoit ouuert les lettres & les malles de
Vineüil en retournant, qu’on l’auoit arresté en
allant, enfin qu’on ne gardoit en façon quelconque
la foy publique qui est sacrée auec les nations
mesmes les plus barbares. Ie me resolus
de l’addiesser à Monsieur de Brienne, & le prier
de le faire passer iusques à Vostre Altesse Royalle,
croyant qu apres cette deference, en sçachant
qu’il vous alloit trouuer & que c’estoit pour la
paix, & par consequent pour le repos de la France,
& de la Chrestienté, on ne l’empescheroit pas