B.,? [1649], LES SENTIMENS DV VRAY CITOYEN, SVR LA PAIX & vnion de la Ville. Par le Sieur B. , françaisRéférence RIM : M0_3657. Cote locale : C_10_6.
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la calomnie) eust-il esté par luy-mesme lancé si son Genie se fust trouué capable
de frayeur ou capable d’alteration. Eust-il pas peu s’en dispenser, s’il ne l’eust point
creu iuste, & de plus mettrons-nousen oubly cette vertu diuine, & ce courage sans
pareil, qu’il a rescemment fait paroistre alors qu’à la honte des ennemis enuironné
de leur puissance, & de leurs legions, il a si genereusement repoussé l’abord & la
presence du tyran, & de l’autheur de la Guerre, qui pretendoit l’entrée aux Conferences
de la Paix. Falloit-il pas estre bien pur & bien grand pour estre si ferme & si
resolu. L’on nous parle des Anciens, l’Histoire nous apprend que Caton soustint la
dignité du Capitole contre les desseins de Cesar, & balança si longuement la fortune
de Rome auec l’ambition de cét vsurpateur, que du moins il en recula la dominatiõ
tãt qu’il vescut ; Mais qu’à fait ce fameux politique que celuy-cy ne l’ait surpassé. Caton
pour trop hazarder fit enfin succomber Rome, & celuy-cy conduit Paris & tout
le Royaume à la Paix, apres auoir effacé la puissance du commun ennemy, & croit
qu’il vaut mieux luy souffrir vn azile, que d’exposer l’Estat tout entier & la vie d’vn
million d’hommes à le poursuiure. En effet ne vaut-il pas mieux conseruer le sang de
la patrie que de le prodiguer pour vne cause si honteuse & si indigne. N’est-ce pas
assez de l’auoir mis en routte & de luy auoir osté le credit & le pouuoir de nous nuire,
sans vouloir porter nos desseins au delà de nos interests, si la Paix qui se dispose
nous peut apporter le repos & le soulagement, pourquoy desirer la guerre qui ne
nous prepare que de longues miseres & d’estranges accidens ; Ce n’est point à nous
à donner la loy n’y d’aspirer à la gloire : Laissons ces choses pour le Prince, puis qu’elles
sont de son partage, & prenons garde de ne point esbranler son Trosne sous pretexte
de l’affermir, Quittons donc ces erreurs, esperons en la conduite de ces hommes
prodigieux, & tenons pour certain qu’apres ce grand Ouurage, nous les verrons
au milieu de la Paix, & de la gloire, ioüir d’vn plain repos, & du sein de leur Patrie
qu’ils auront conseruée, respandre des lumieres & des vertus sur tous les peuples
du monde. Ce sont les sentimens, Lecteur, que tu dois en auoir, & croire si tu ne veux
point te tromper que celuy qui te les inspire, est le dernier à les loüer, & qu’il a
moins d’enuie de les obliger que de rendre hommage à leur vertu.

 

Au reste souuient toy des preceptes de ce discours d’obeïr, & de croire que tes
Chefs tous ensemble sont plus sages que toy seul, de contribuer de toute ta puissance
à l’vnion & societé de tes Concitoyens, de n’auoir point d’oreilles ny de pensées
pour les choses qui tendent à diuision, & de n’oüir les discours des seditieux que
comme ceux des corbeaux qui sont funestes & que personne n’escoute, & sur tout
garde toy de leurs mains.

FIN.



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