Aristandre [signé] [1649], LETTRE D’ARISTANDRE A CLEOBVLE, Ou les Conjectures Politiques sur ce qui se passe à Saint Germain. , françaisRéférence RIM : M0_1836. Cote locale : A_5_13b.
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bien des destours ou les ames captieuses du siecle taschent
d’embarrasser les simples, quand elles alleguent
pour toutes raisons des exactions excessiues, qu’on ne
peut continuer la guerre autrement, & qu’il faut que
chacun se seigne. Ce qui pourroit estre supportable,
si l’on payoit les gens de guerre, qui n’ont pas receu
deux Montres par an, si l’on payoit les rentes de la
Maison de Ville dont on a volé tant de millions, si on
ne retranchoit pas les gages des Officiers, que l’on fait
financer eternellement, si la maison du Roy estoit
payee, & si sa table n’auoit esté renuersee plus d’vne
fois ; sans parler des Tailles, des Subsistances & des
Emprunts qu’on a faits sur les Aisez.

 

Ie veux croire encore que tant de sages Aristides iugeront
aisément qu’on ne peut conseruer les bras & la
teste quand on a ruiné le corps, qu’vn Parlement diuisé
à Poictiers & à Lyon, vn Parlement Semestre, vn
Parlement de Montargis, ne seroit plus qu’vn Presidial,
& son Chef moins qu’vn Bailly de Seigneurie.

Ne vous figurez donc pas quelques sumissions &
quelques respects dont le Parlement se doiue seruir
enuers la Reyne & les Princes, qu’il n’apporte d’ailleurs
toutes les precautions imaginables outre la franchise
& la bonne foy, il ne manquera pas, ô Cleobule,
de se preualoir des grands & des importans partys qui se
presentent ; Toute la Normandie est armée, les Generaux
ont plus de neuf mille hommes effectifs.

L’Archiduc & le Duc de Lorraine offrent toutes les
forces de Flandres. En la conioncture où nous sommes,
disoit l’autre iour vn des plus deliez du temps, Themis
a doublement le bandeau sur les yeux, si elle pretend se
seruir moins de son Espée que de sa Balance ; Ce seroit
donc mal raisonner, de croire que le Parlement voulut
laisser perdre ses aduantages, ny qu’il manquast de
representer pour le moins, que ce n’a pas esté par vne



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