Anonyme [1649], VERITABLE CENSVRE DE LA LETTRE D’AVIS, ESCRITE PAR VN PROVINCIAL, A MESSIEVRS DV PARLEMENT. ET LA VERITABLE CENSVRE de la Réponse à la mesme Lettre, auec la Refutation de la Replique à ladite Réponse. OV La Critique des trois plus fameux Libelles que nous ayons veu paroistre, depuis le commencement de ces derniers Troubles, iusques à present. Par vn des plus Illustres Grammairiens de Samothrace. Domine libera animam meam à labiis iniquis, & à lingua dolosa. Psalm. 119. , français, latinRéférence RIM : M0_3924. Cote locale : C_3_34.
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donner de la lumiere au Soleil, & qui pretend estre si entendu aux
affaires de cette Monarchie. Il faudra que le Cardinal s’en aille en
quelqu’vne de ses Abbayes, ou qu’il sorte de France. Nous auons
pourtant la Paix, qu’il tenoit impossible, & Monsieur le Cardinal
n’a pas fait ny l’vn ny l’autre. Ceux qui le protegent & qui le suiuent,
ne sont pas moins criminels que luy, pour ne pas dire plus.
Ceux qui le protegent sont le Roy, la Reyne, Monsieur le Duc
d’Orleans, & Monsieur le Prince ; ils sont donc criminels à son conte.
Ceux qui le suiuent, c’est toute la Cour, c’est le Conseil, c’est
tous les Officiers de la Couronne, c’est tout le Regiment des Gardes,
c’est toute sa Maison, en vn mot ce sont toutes les Armées où
sa Maiesté commande. Voila vn bon nombre de criminels bien tost
faits d’vn seul trait de sa plume. Si vous vous contentez de banir
seulement le Cardinal, & que tous ces gens-là demeurent, ie vous
prie de considerer, Messieurs, où vous en serez, & où vous pourrez
trouuer vos asseurances.

 

Il ne restoit plus à dire à ce nouueau Politique, si ce n’est que
Messieurs du Parlement seroient aussi criminels que tous ceux que
nous venons de nommer, s’ils ne faisoient pas ce qu’il leur conseilloit
auec tant d’iniustice. Ie vous prie de considerer vous mesmes,
Monsieur le Politique, si vous n’estes pas bien criminel, d’auoir eu
seulement l’idée d’vn si abominable sentiment, & s’il se peut trouuer
vn supplice égal à l’offense que vous venez de faire. Le Parlement
de Paris est trop Venerable & trop Auguste, pour n’auoir pas
des pensées de cette nature en horreur, & pour ne sçauoir pas de
quelle sorte ils doiuent traiter auec leur Maistre.

Les Princes qui ont embrassé leur party auec tant d’ardeur, seront-ils
en seureté de leurs testes ? Ouy, Monsieur, ils le seront,
quoy que vous en puissiez dire. Le Roy n’est-il pas guarent de la
foy qu’on nous a iurée ; quoy que vostre premier censeur ne veuille
pas qu’ils soient obligez de tenir le serment qu’ils auront fait à
leurs Sujets, en qualité de Roys, comme si la dignité, & la foy
estoient des choses incompatibles. Ce seroit vne mauuaise consequence,
laquelle n’obligeroit pas bien fort les creatures, à croire
aux paroles d’vn Createur, qui ne fera iamais rien contre les choses
qu’vne fois il aura promises. Mais à vne autre fois cette repartie,
Voicy pourtant trois raisons sur lesquelles il se faut asseurer, & sur
lesquelles ie me fonde.

Premierement, il y va de l’honneur du Roy, des Regens, & de



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