Anonyme [1649], VERITABLE CENSVRE DE LA LETTRE D’AVIS, ESCRITE PAR VN PROVINCIAL, A MESSIEVRS DV PARLEMENT. ET LA VERITABLE CENSVRE de la Réponse à la mesme Lettre, auec la Refutation de la Replique à ladite Réponse. OV La Critique des trois plus fameux Libelles que nous ayons veu paroistre, depuis le commencement de ces derniers Troubles, iusques à present. Par vn des plus Illustres Grammairiens de Samothrace. Domine libera animam meam à labiis iniquis, & à lingua dolosa. Psalm. 119. , français, latinRéférence RIM : M0_3924. Cote locale : C_3_34.
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dont il nous dit, que ces dignes Senateurs vserent en la promotion
de leurs charges ; qu’il y eut cent mille fois plus de dissention &
plus de trahisons parmy eux, qu’il n’y en a iamais eu parmy les nostres,
& que les diuisions ne viennent pas de la difference des conditions,
mais seulement de la mauuaise intelligence des hommes,
comme il dit en sa quatriesme cause de nos desordres.

 

C’est là où il fait en trois mots vn admirable portrait de l’excellente
vnion de ces Illustres Conquerans, en l’accroissement de leur
Empire, parmy vn tas d’autres choses qu’il dit bien peu considerables,
quoy que ce ne soit qu’vne pure fiction de son esprit, veu la
mauuaise intelligence qui estoit perpetuellement entre ces dignes
Souuerains, ainsi que nous venons de dire.

Mais ce ne seroit pas grand’chose, à son conte, s’il ne rapportoit
vn exemple de Brutus à nos Messieurs du Parlement, que ie n’ose
repeter, tant ie le trouue abominable.

Apres cela que fait-il encore ; vn discours bien ennuyeux, où il
montre qu’il ne faut point faire d’accommodement quelconque ;
que le Parlement ne doit point mettre les armes bas ; qu’il n’en
sçauroit abuser, quoy qu’il en puisse faire ; & finalement qu’il ne doit
point consentir à faire aucun Traicté de Paix auec la Reyne ; parce,
dit-il, premierement, qu’elle luy seroit honteuse ; secondement,
parce qu’elle ne luy peut estre que trop dangereuse ; & en troisiéme
lieu, parce qu’il ne la sçauroit faire.

Ne voila pas à ce coup là donner de la lumiere au Soleil, & des
eaux à toutes les mers de la terre ? Si le Parlement n’auoit pas mis
les armes bas, n’auroit-il pas irrité Dieu contre luy, qui veut qu’on
honore les Roys, qu’on leur soit sujet, & qu’on se garde de leur indignation ?
N’auroit-il pas esté la cause d’vn nombre infiny de malheurs
que la guerre traine auec soy, & desquels il auroit esté à iamais
responsable ? N’auroit-il pas mis le fer & le feu, le meurtre,
le vol & les violences dans sa propre Patrie ? N’auroit-il pas enuoyé
par ce moyen là vn million d’ames en Enfer ? Et n’auroit il pas dans
cette conioncture d’affaire donné moyen aux ennemis de l’Estat,
de reprendre tout ce que nous auons pris sur eux, & leur donner
iour peut-estre d’entrer en France, & de mettre la Monarchie en
compromis à toute la tyrannie estrangere.

Quelle certitude peut-on tirer de l’esprit d’vn mauuais Prophete.
N’est-il pas de la race de ceux qui conseilloient A chab de faire la
guerre à la ville de Ramoth, qul est en Galaad, region de Galilée,



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