Anonyme [1649], TROISIESME ET DERNIER SERMON DE L’EVCHARISTIE POVR LE IEVDY DE L’OCTAVE DE LA FESTE-DIEV. Preschée par le R. P. A. D. , français, latinRéférence RIM : M4_87. Cote locale : C_10_10.
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des hõmes, le sang répandu autant de fois que nous
offençons sa pureté, ou que nous violons son innocẽce, crie
vengeance contre ses meurtriers & demande qu’ils soient
punis. Chose estrange, dit S. Chrisostome, que ce Sang qui
prie en la mort pourses bourreaux, & ses persecuteurs, & qui
ne veut pas que le Ciel épousant sa querelle aneantisse ces
mal-heureux, lors qu’il n’est plus en estat de souffrir, n’est
plus en estat aussi de pardonner, & par vn changement qui
estonne les Cieux, & les Anges ; deuient le Iuge de ceux
desquels il s’estoit rendu le protecteur, & l’Aduocat. Si
les Martyrs, dit S. Augustin, se font entendre du milieu
des tombeaux, où leurs cendres reposent ; si leurs os Sacrés
parlent encor dans les Sepulchres, & se plaignent de la
cruauté des Tyrans qui les ont fait briser par mille sortes
de supplices ; si les innocens demandent à Dieu que leur
mort soit vangée par celle d’Herodes ; si le sang d’Abel
pousse vne voix qui frappe l’oreille de Dieu, & qui fait
trembler Caïn, ne doutez point que celuy de Iesus meurtry
par ceux qui le reçoiuent indignement n’ayt sujet de
demander la punition de ses criminels & de ses parricides.
Prions neantmoins la Diuine Marie qui a tiré ce sang de ses
mammelles, qu’elle obtienne le pardon de ces miserables,
& qu’elle leur donne de puissantes lumieres pour se conuertir
à cét effet : prosternez à ses pieds, disons-luy auec
l’Ange, Aue Maria.

 

Sainct Chrysostome s’est long-temps trauaillé pour
expliquer la pensée de l’Apostre S. Paul en vn endroit,
où il dit qu’il y a des Chrestiens qui sont si mal-heureux
qu’ils donnent tous les iours la mort à Iesus-Christ, & le
crucifient derechef dedans leurs cœurs. Iterum crucifigentes
sibimetipsis Filium Dei. De sorte que ces ames parricides,
se font elles mesmes le gibet, où ce Dieu d’amour & de
gloire endure des tourmens aussi cruels qu’il fit autrefois
sur la Montagne du Caluaire. En effet cette pensée de l’Apostre
ne souffre pas de petites difficultez, puis qu’il est certain
comme nous apprennent la Foy & la Theologie Chrestienne,



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