Anonyme [1652], TRES-HVMBLE REMONSTRANCE FAITE AV ROY DANS LA VILLE DE Compiegne, Par vn Ieanseniste, touchant la paix. , françaisRéférence RIM : M0_3818. Cote locale : B_16_47.
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plomb : Peut-estre vostre Conseil a estimé que c’estoit
la grandeur de Vostre Majesté, de tenir bas vn Senat,
que tous les bons Rois vos predecesseurs ont tant déferé
qu’ils l’ont estimé aussi necessaire pour leur grandeur,
que les feuilles le font à la Rose pour composer
sa beauté.

 

Ie dirois, SIRE, combien ces Conseils sont pernicieux,
n’estoit que l’experience des années de vostre
regne, vous en a plus appris que toute la malignité des
hommes ne sçauroit effacer. Croyez moy que ce peuple
est comme l’herbe du basilic, qui rend vne bonne
odeur, à ce qu’on dit, quand on la manie doucement,
& qui fait des Scorpions quand on la frotte auec rudesse.
Tenez-nous dans l’estime & dans l’estat que les
Rois vos predecesseurs nous ont tenus. Vous ne verrez
rien de plus traittable que le peuple François, mais
si vous y procedez auec les violences, par lesquelles on
s’efforce tous les iours d’alterer vostre bon naturel, il
est à craindre que cette seuerité ne produise bien du
venin à ceux mesme qui en pensent tirer de la douceur.
Nos ennemis ne cessent de vous alarmer sur le manquement
du respect deu à V. Majesté, & toutesfois
Dieu sçait que nous auons tellement respecté l’authorité
Royalle, que la voyant entre des mains tres iniustes,
où elle perdoit tout son eclat, nous n’auons pas
permis qu’elle perdit le fruit de nostre obeyssance.

Permettez SIRE, vne liberté qui a esté tousiours
le plus pernicieux gage de ce Royaume, vous auez
mis vn somme sur nos testes, qui pour trancher du
grand, ne voulut rien moins paroistre, que ce qu’il



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