Anonyme [1649], TRES-HVMBLE REMONSTRANCE DV PARLEMENT DE PROVENCE. AV ROY, SVR LE GOVVERNEMENT de Monsieur le Comte d’Alais. , françaisRéférence RIM : M0_3816. Cote locale : C_9_52.
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ny l’aprobation du peuple : Quelque temps apres il obtint vn
nouuel Arrest du Conseil qui confirmoit le Semestre, & par
ce moyen il versa l’amertume dans la ioye publique, & reduisit
la patience de cette Prouince à l’extremité, alors on
recogneut que la ruïne du Parlement & de la Prouince estoit
sa passion, & non pas le dessein de vostre Maiesté : il demandoit
ces petits aduantages soubs pretexte de mesnager son
honneur, & faire retraite honorable en vn dessein où il s’estoit
trop auant engagé, mais les ayans obtenuës il les faisoit
passer pour des preuues constantes de la volonté de vostre
Maiesté, & pour des solides fondemens d’vn edifice qui deuoit
estre abbatu.

 

Le peuple murmuroit contre ces artifices qui luy retardoient
vn contentemẽt si legitime de voir ses Iuges en estat :
le Sieur Archeuesque d’Arles, qui par commandement de
vostre Maiesté s’estoit arresté durant trois mois en la ville
d’Aix, pour disposer Monsieur le Comte d’Alais à se despartir
d’vn si mauuais sentiment, quoy qu’il eust apporté vne
tres-grande prudence, & tesmoigné vne charité signalée,
n’a iamais pû toucher au fonds de son cœur, ny l’esmouuoir
à la paix : toutes les personnes considerables de la Prouince
ont tenté inutilement son esprit : au contraire on le voyoit
tousiours se fortifier de ses amis qu’il appelloit de toutes
parts : on le voyoit assally de ses mauuais conseils qui ne luy
presentoient que le fer & le feu. Il emprisonnoit des domestiques
des Officiers du Parlement sans aucune formalité. Il
menassoit de visiter leurs maisons. Il paroissoit accompagné
de ses Gardes & des Archers de la Mares chaussée pour faire
des prisonniers, & dans cette braue démarche que les Gardes
auoient appris pour faire bruit, ils lascherent en sa presence
trois carabines contre vn Laquais d’vn Conseiller du
Parlement qui ne l’auoit pas assez bien salué.

On n’a iamais veu mesnager honneur aux grands iusques
à cette extremité de considerer les ciuilitez d’vn Laquais, &
les respects du bas peuple, la liberté Françoise reprouue toutes
ces apparences de gloire, & fait consister tout l’honneur



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