Anonyme [1649], TRES-HVMBLE REMONSTRANCE DV PARLEMENT DE PROVENCE. AV ROY, SVR LE GOVVERNEMENT de Monsieur le Comte d’Alais. , françaisRéférence RIM : M0_3816. Cote locale : C_9_52.
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ce peuple ne change point de condition, au contraire il voit
les maux dont il estoit menassé, & les Prouinces voisines qui
courent à son secours, nous demandent auec estonnement,
où est le Dieu de ce Peuple ?

 

C’est vostre Majesté (SIRE) qui est sa Diuinité visible,
c’est elle qui doit entendre ses mal-heurs & les reparer : Les
tesmoignages d’amour & de bonté, & les applaudissemens
que tout ce pays auoit donnez à Monsieur le Comte d’Alais
durant les premieres années de son Gouuernement qu’il
auoit composées auec grande estude & dissimulation, ont
estably sa reputation dans l’esprit du feu Roy de tres-heureuse
memoire vostre Pere & de ses Ministres : mais ils ont
si mal reüssi à ce pauure peuple, qu’ils luy ont donné la hardiesse
de tout entreprendre, & le bon-heur d’en estre toûjours
creu, estant difficile d’effacer les premieres impressiõs,
lors qu’elles se sont saisies de l’esprit du maistre, en telle façon
qu’on auoit peine de croire le mal apres qu’il estoit executé,
les plaintes estoient repoussées comme les inquietudes
& les chagrains de quelques esprits impatients de toute sorte
de Gouuernement, & sa Morale estoit desja toute gastée,
qu’on ne s’estoit pas encore aduisé de son changement.

Mais enfin l’interest qui est l’endroit qui descouure toutes
les foiblesses des hommes, fit clairement recognoistre le
dessein de Monsieur le Comte d’Alais, lors qu’il voulut leuer
vn Regiment en cette Prouince contre vos Ordonnances
& les Loix de vostre Estat, & dresser en mesme temps sa
compagnie d’Ordonnance, & disposer des reuenans-bon,
qui sont les restes qui demeurent toutes les années apres que
l’imposition du Roy & du Pais est acquittée, au lieu que les
precedents Gouuerneurs les laissoient dans la bource du
Païs pour faire fonds en l’année suiuante, & n’auoient iamais
pensé de fouler la Prouince d’vne despense de quatre
cens mille liures qu’il faut pour l’entretien d’vn Regiment
duquel il s’est seruy pour faire aller à luy tous les mauuais
Citoyens, & a esté comme le fleau inondant qu’il a employé
pour toutes ses vengeances. On interpelle icy toute la Prouince



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