Anonyme [1649], TRES-HVMBLE REMONSTRANCE DV PARLEMENT DE PROVENCE. AV ROY, SVR LE GOVVERNEMENT de Monsieur le Comte d’Alais. , françaisRéférence RIM : M0_3816. Cote locale : A_8_10.
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regarde auec enuie : Il sçait que les crimes n’ont iamais
trouué support ny faueur aupres d’eux ; Il trouue estrange
qu’on l’accuse de conniuence au duel fait entre le bastard de
Montolieu, & Besson, puis qu’il fit à l’instant Arrest du dix-septiesme
Mars dernier, l’execution duquel fut empeschee
à Marseille par Monsieur le Comte d’Alais, pour mettre à
couuert les biens dudit feu Besson l’vn des chefs de sa faction ;
Qu’on appelle rauissement vn mariage bien composé,
fait auec le consentement de tous les parents, & que pour
commencer vne guerre iniuste, on parle d’vn assassinat horrible
comme d’vn genereux combat. C’est la voix du peuple,
SIRE, qui le dit, c’est cette voix veritable & sans artifice
qui vous a demandé instamment le retour de ses Iuges,
qui a fait effort pour les tirer de l’oppression, & qui est appellée
rebelle par Monsieur le Comte d’Alais, parce qu’elle
luy est contraire.

 

Enfin cette rebellion est vne vengeance premeditée de
Monsieur le Comte d’Alais, il la pardonne librement si son
Regiment est remis, si les euocations sont accordées ; si la
liberté des eslections Consulaires est estouffée, & l’attache
des Procureurs du pays supprimée. Si c’est vne rebellion,
SIRE, de n’accorder pas des demandes si iniustes : de confier
en vos Declarations, & ne dispenser pas des loix & de
la Iurisdiction publique, ceux que vostre Maisté leur a sousmis ;
quelles sont les defences qu’on peust auoir en Iustice, &
les raisons qu’on peust opposer aux Grands.

Mais comme le peuple, SIRE, connoist que le Parlement
souffre cette guerre, s’espuise pour luy donner la paix : que
ce n’est plus l’interest du Semestre condamné à vne mort
eternelle qui le fait agir, mais celuy de ses Concitoyens &
le repos de la Prouince qui ne peut souffrir les diuisions &
les vengeances, que ce Regiment & ces euocations y ont
produict, comme le pays accablé de ses charges ne peut supporter
cette rançon qu’on luy demande iniustement : Il
espere aussi de vostre Majesté qu’elle ne permettra pas



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