Anonyme [1649], TRES-HVMBLE REMONSTRANCE DV PARLEMENT DE PROVENCE. AV ROY, SVR LE GOVVERNEMENT de Monsieur le Comte d’Alais. , françaisRéférence RIM : M0_3816. Cote locale : A_8_10.
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maisons sans aucun crime, qui sont les derniers effets de la
violence & de la cruauté.

 

Puis qu’il veut qu’on luy monstre le sang qu’il a respandu,
il luy faut faire ouyr la voix de tant de vefues & d’orphelins
qui demandent leurs peres & leurs marys à tous les gens
de guerre qu’il a toleré dans la Prouince. Il luy faut produire
en tesmoin les Procureurs du pays qui n’ont peu estre
escoutez de luy lors qu’ils se plaignoient des meurtres &
des insolences que ces soldats auoient commis : Il faut euoquer
l’ame du Cadet de Bonnet qui fut tué à Marseille en sa
presence, & par son commandement, & le nommé plein
mis en Galere de son authorité.

Il luy faut opposer cette guerre iniuste qu’il entreprend,
qui est vne multitude innombrable des meurtres qu’il conçoit
dans son cœur, & vn rauage violant qui enueloppe l’innocent
auec le coulpable. S’il ne cognoit pas les outrages,
d’où vient qu’il n’a iamais fait vn Estat Consulaire qu’il
n’aye blasmé la Communauté de faction & de monopole
contre vostre seruice ? Lors quelle n’a pas fait choix des
Gens de sa faction, qu’il n’a fait donner aucun Arrest au
Conseil en faueur de la Chambre des Requestes, ou pour
le Semestre, qui n’aye deshonoré le Parlement, & cette rebellion
dont il accuse la ville d’Aix, les Officiers & toute la
Prouince, est-ce vn mouuement de charité chrestienne ?

Enfin pourquoy ce Manifeste examine il Monsieur le
Comte d’Alais sur l’interest, puis que l’on void que depuis
vnze années qu’il est Gouuerneur de cette Prouince, vostre
Maiesté n’en recite pas d’auantage qu’auparauant, & la Prouince
paye le triple de ce qu’elle auoit accoustumé. Les
passeports qu’il a si souuent accordez à tant de personnes
qu’il a par ce salle trafic attirez à son party, de sortir des
bleds hors de vostre Royaume contre les deffences portees
par vos Declarations, ne luy ont-ils pas acquis de sommes
immẽses à la foule de vos suiets qui en ont souffert des miseres
extremes par les chertez extraordinaires des bleds, &



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