Anonyme [1649], TRES-HVMBLE REMONSTRANCE DV PARLEMENT DE PROVENCE. AV ROY, SVR LE GOVVERNEMENT de Monsieur le Comte d’Alais. , françaisRéférence RIM : M0_3816. Cote locale : A_8_10.
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de Tarascon qui auoit pris les armes contre le bien public,
& la sentiment de toute la Prouince qui auoit mis dehors les
principales familles qui n’adheroient pas à ce caprice, &
auoit persisté en sa faute pour euiter la honte du repentir.

 

La Prouince, SIRE, auoit bien suiet de croire que cette
paix seroit inesbranlable, puis que les Declarations de vostre
Maiesté l’auoient formee, que le Traité d’vn Prince de
l’Eglise & d’vn Ministre d’Estat celebre l’auoit disposée,
que le consentement de Monsieur le Comte d’Alais l’auoit
affermie, & la voix du peuple demandee.

Au contraire, à peine Monsieur le Comte d’Alais fut sorty
de la ville d’Aix, qu’il remua plus ouuertement les factiõs
& les partys qui sembloient estre entierement dissipez :
On disoit hautement dans sa maison qu’il ne reuiendroit
plus dans Aix qu’en teste d’vne armee de dix mille hommes ;
Il fit porter le ruban bleu pour marque de sa Ligue : Il
courut toute la Prouince accompagné extraordinairement
pour y sonder les volontez des peuples, il promit vne euoquation
à tous ceux qui la demandoient, & se fit suiure de
tous les endebtez, de tous les criminels, de tous ceux qui
craignoient la Iustice, ou qui auoient vn mauuais procez : Il
licencia en apparence son Regiment, & en effect il le retint
dans les mesmes Garnisons où il estoit auparauant : Il empescha
que le Regiment de Peraud que vostre Maiesté auoit
enuoyé pour la garde de la Coste, n’y entrast. Il changea le
lieu de l’Assemblee des Communautez. Il mit garnison
dans le Fort d’Orgon, & au lieu de faire desarmer la ville
de Tarascon il fit seiour pour la confirmer dans la foy. Enfin
soubs pretexte d’achepter le Gouuernement, il a fait entrer
deux cens hommes qu’il a fait venir des Seuenes pour
empescher que ce pauure peuple abusé ne reuienne à son deuoir,
& n’entende la voix de la Prouince, sa Mere qui la rappellé
dans son sein, & luy fait souuenir de tant de foules de
gens de guerre que M. le Comte d’Alais luy a fait souffrir
lors que leurs Deputez dans les assemblees du pays auoient
parlé trop librement contre ses desseins.



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