Anonyme [1649], TRES-HVMBLE REMONSTRANCE DV PARLEMENT DE PROVENCE. AV ROY, SVR LE GOVVERNEMENT de Monsieur le Comte d’Alais. , françaisRéférence RIM : M0_3816. Cote locale : A_8_10.
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de Normandie, & les exẽples de Roys vos predecesseurs
monstroiẽt à vostre Maiesté que c’estoit vn dessein que l’experience
auoit condamné, & qu’on ne pouuoit plus remettre
en estat sans esbranler toute la Monarchie.

 

Neantmoins cet esprit eschauffé d’ambition & de bile par
vn effort de melancolie fit esclorre vn Edict qui a depuis esté
suffoqué comme vn monstre, il le fit proposer par le Chanoine
la Bastide Conseiller aux Requestes, il le fit appuyer par
Monsieur le Comte d’Alais, & comme la necessité publique
reçoit auec autant d’auidité le venin que les bons alimens,
ceux qui administroient pour lors les Finances de vostre
Maiesté se laisserent surprendre aux apparences, ils prenoient
vn Nain pour vn Geant, & vne chimere fantastique
pour vn celebre coup d’Estat.

Il est vray qu’on voulust adiuster les autres Parlement à
cette mesme façon, mais on la trouuée par tout inégale &
disproportionnée, & ce qui luy donna cours en cette mal-heureuse
Prouince, est, que par effort & contention on tascha
de l’apliquer sur cette illustre Compagnie, & au lieu que
la regle Lesbienne suiuoit les proportions de son suiet, cette
fausse & iniuste regle violantoit le suiet sur lequel elle estoit
appliquée.

Monsieur le Comte d’Alais fit semblant de ne connoistre
pas cet Edict, & de luy refuser sa protection, quoy qu’il fust
son domestique, & qu’il eust pris naissance dans son cabinet,
mais on a depuis verifié que ce ne fut qu’vn tour de politique
pour engager les Ministres à l’entretenir, & luy donner
le titre redoutable de la volonté de vostre Maiesté.

C’est à ce seul nom, SIRE, que ce Parlement a flechy, il est
glorieux d’auoir donné vn exemple d’humiliation aux yeux
de toute la France, & d’auoir baissé les marques de son authorité
au seul bruit de vostre commandement. L’euenement
a bien fait voir qu’il estoit fondé dans le cœur des peuples,
sa conduite a fait cognoistre à ses ennemis qu’il auoit
assez de force pour leur resister, & de sagesse pour les confondre.
Il est malaisé de desraciner vne authorité que deux



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