Anonyme [1649], TRES-HVMBLE REMONSTRANCE DV PARLEMENT DE PROVENCE. AV ROY, SVR LE GOVVERNEMENT de Monsieur le Comte d’Alais. , françaisRéférence RIM : M0_3816. Cote locale : A_8_10.
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d’Alais, il luy voũa sa personne & sa conscience, il fut secrettement
destiné par luy à la charge de premier President, &
au ministere de la Prouince.

 

Les preuues en sont aysées, le sieur du Bernet premier President,
qui est vn des plus dignes Magistrats du Royaume,
préuoyant les mauuais desseins qui ont depuis paru, voulut
reprimer cette ambition naissante, & recogneut par la fumee
l’ardeur qui deuoroit cette ame, il fut en mesme tẽps poussé
par Monsieur le Comte d’Alais, lequel ne pouuant trouuer
en la personne ny en la conduitte de ce digne Magistrat vne
seule matiere de soupçon, flatta Monsieur le Cardinal de Richelieu
d’vne delicatesse de son humeur, & par ce moyen il
fit changer ses emplois en vne relegation dont il a esté depuis
rappellé pour tenir le mesme rang en son pais qu’il auoit
en celuy-cy.

Le sieur de Mesgrigny qui luy a succedé en sa charge, n’a
pas esté traité auec plus de discretion : Sa naissance, sa dignité
& sa vertu qui luy deuoit acquerir la consideration de
Monsieur le Comte d’Alais, & le respect de Gaufridy son
inferieur, n’ont pas empesché qu’il ne soit venu aux prinses
auec luy, & deux citations qu’il a souffert sont les effects de
son imposture, & non de la partialité qu’il luy auoit imputé.

Bref, son chagrin naturel a trouué tant de complaisance
en la conduite de son dessein, qu’il ne s’est iamais passé vne
annee que pour vanger ses iniures domestiques, & les affrõts
de ses Officiers des Requestes, il n’aye fait citer ou interdire
quelque Officier du Parlement par l’appuy de Monsieur le
Comte d’Alais, duquel il s’est seruy comme d’vn contrepoids
pour se releuer en abaissant les autres.

Ces aduantages luy ont donné iour à vne inuention encore
plus malicieuse, le bruit du Semestre ne pouuoit trouuer retraite
en aucune part, les peuples accoustumez aux formes
anciennes & constantes de leur iustice, ne pouuoient comprendre
ces interualles & ces changemens qui l’affoiblissent
& la deshonnorent ; les Ministres n’en estoient pas bien persuadez
à cause des troubles qu’il auoit excité dans la Prouince



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