Anonyme [1649], TRES-HVMBLE REMONSTRANCE DV PARLEMENT DE PROVENCE. AV ROY, SVR LE GOVVERNEMENT de Monsieur le Comte d’Alais. , françaisRéférence RIM : M0_3816. Cote locale : A_8_10.
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de se faire saigner par vne main amie, & faire traiter ses
maux auec tendresse & pitié : Neantmoins on n’a pas veu
seulement dans les Villes importantes, & dans la capitalle,
vne suppression funeste de cette liberté qui a fait murmurer
tout le peuple contre la violance de ce Gouuernement :
Mais par vn exemple malheureux, il n’y a si petit village
dans la Prouince auquel pour des considerations pernicieuses
à tout le public, Monsieur le Comte d’Alais n’aye voulu
faire le mesme.

 

On ne peut dissimuler (SIRE) que ces Consulats, briguez,
& affectez, ne soient aux yeux de tous les gens de
bien, des spectacles odieux, & des suiets d’oprobre & de malediction,
leur marque legitime est l’amour & l’estime du
peuple, & non pas la complaisance & la flaterie.

Il est impossible que le peuple donne son consentement à
vne authorité qui luy a esté imposee auec violance, & qu’il
reçoiue dans son cœur celuy qui ne s’est pas introduit par
son iugement : voila pourquoy on n’a iamais veu tant de
contradictions & de tumultes dans les villes que depuis que
ces fausses authoritez les ont vsurpees : Les souspirs, & les
derniers accens de la liberté suffoquee, y ont fait vn murmure
pitoyable qui a frappé l’oreille des Iuges, & enfin est
allee iusques à vostre Maiesté, pour en exiger cette solemnelle
Declaration du mois de Mars dernier, qui veut que
les Consuls soient esleus en toutes les villes & lieux de la
Prouince suiuant leurs anciens Vsages, & les Reglemens
des Communautez, qui est leur prudence domestique, &
leur veritable Economie.

Mais si la noblesse a souffert sous le Gouuernement de
Monsieur le Comte d’Alais par les diuisions & les enuies
qu’il a semees dans leurs corps par les partialitez qu’il a faites,
& les defferences iniurieuses dont il la traité. Si le peuple
a esté tourmenté par la complaisance de ses faux Directeurs
qui luy ont esté supposez, & s’il a esté contraint de
seruir plutost à Monsieur le Comte d’Alais qu’à vostre Maiesté,
à laquelle il doit son entiere obeyssance : afin qu’il ne



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