Anonyme [1649], TRES-HVMBLE REMONSTRANCE DV PARLEMENT AV ROY, ET A LA REYNE REGENTE. , françaisRéférence RIM : M0_3814. Cote locale : B_2_3.
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vn effet de nostre deuoir : Nous ne nous defendrions pas
en cette extremité, si nous le pouuions obmettre sans crime ;
& sans encourir le reproche de Dieu & des hommes, d’auoir
laissé laschement perir nostre Roy par vn faux zele plein d’ignorance ;
parce que celuy qui nous opprime pour vous perdre
en suite, est reuestu de son nom & de son authorité.

 

SIRE, apres auoir rendu ce compte à V. M. des motifs de
la resolution que nous auons prise, & de l’Arrest que nous
auons donné, qui n’a point d’autre fin que vostre salut, il ne
nous reste qu’à supplier tres-humblement vos Majestez qu’il
leur plaise de les fortifier par leur approbation, & ce faisant
condamner le sinistre conseil du Cardinal Mazarin ; Et puis
qu’il ne s’est pas retiré de vostre Cout le mettre entre les
mains de la Iustice, afin d’en faire vn exemple notable qui
demeure à la Posterité, pour guarentir à iamais nos Roys d’vne
vsurpation pareille à celle dont il est coupable.

Vos Majestez mettront le calme dans l’Estat, leurs Personnes
& la Fortune publique en seureté, la France hors du peril
éminent d’estre enuahye & partagée entre cét Ennemy domestique
& les Estrangers ; & tous les François d’vn esprit
vnanime se rallieront pour forcer l’Espagne de consentir à la
Paix tant desirée de toute la Chrestienté, & si necessaire au
bon-heur de vos Peuples.

MADAME, apres cette Remonstrance & cette Supplication
tres humble assistée des suffrages de tous les bons François,
si vous reteniez dauantage le Cardinal Mazarin, permettez-nous
de dire à V. M. que vous seriez responsable deuant
Dieu & deuant les hommes, du depost sacré de la Personne
du Roy & de l’Estat que la France a mis entre vos
mains. Et nous ne pouuons douter sans faire tort à Monsieur
le Duc d’Orleans, & à Monsieur le Prince de Condé, qu’ils ne
vous portent à cette resolution, ny iuger qu’ils ayent eu vn autre
esprit en l’occasion presente que de prester vne obeyssance
aueugle à vos Commandemens sans s’informer de l’Autheur,
ny des raisons du Conseil quia esté donné, non plus
que des auis supposez pour fabriquer l’atroce calomnie contre



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