Anonyme [1649], TRES-HVMBLE REMONSTRANCE DV PARLEMENT AV ROY, ET A LA REYNE REGENTE. , françaisRéférence RIM : M0_3814. Cote locale : B_2_3.
page précédent(e)

page suivant(e)

-- 7 --

Telle a esté celle du Cardinal Mazarin, qui a si fort espuisé
le Royaume pour s’enrichir, qu’il y a peu de personnes à la campagne
ausquelles il reste vn lict pour se coucher, moins à qui il
ayt laissé dequoy auoir du pain suffisamment pour se nourrir
auec son trauail ; & il n’y en a point du tout qui puisse viure sans
incommodité. De sorte que si vostre Parlement touché des sentimens
de vostre seruice & des motifs de la charité, n’eust arresté
le cours de ses insupportables exactions, le moindre mal eust
esté, que vos Peuples fussent tombez dans l’impuissance ou
dans le desespoir auant la fin de la derniere année ; Et il seroit
inutile de marquer toutes les voyes qu’il a tenuës pour faire
vne telle depredation. Les seuls fonds immenses qu’il a consommez
dans la Marine, dont il a disposé sans en rendre compte,
seroient capables d’épuiser vos Finances. Il suffit de dire,
Qu’il est le Maistre, Qu’il prend tout ce qu’il peur toucher, comme
s’il estoit sien, Qu’il a conserué & augmenté le nombre des
Partisans & gens d’affaires, qui sont les sangsuës qui luy facilitent
le moyen pour auoit de l’argent comptant ; Qu’il a leué
plus de quatre vingts millions de liures par an ; Qu’il nous a
engagez de cent cinquante ; & Que l’on ne trouue plus presque
d’or ny de bonne monnoye en France. Iugez de là, SIRE,
où il est.

Mais le plus notable interest, le plus criminel & le plus contraire
qu’il ayt eu à celuy de V. M. ç’a esté de vouloir tirer vos
Subjets de vostre dependance, pour les mettre en la sienne, ou
de leur consentement, ou par force. Dieu sçait ceux qu’il a corrompus ?
il est assez aise d’en descouurir quelques vns dans le
nombre de ses Partisans ; Et l’occasion presente sera vne pierre
de touche, pour marquer ceux qui sont à vous ou à luy.

Ce qui n’est que trop public, sont les violences qu’il a faites
pour destruire le vns, & pour intimider les autres. La [1 mot ill.]
de Duc de Beaufort trouué innocent, fut son coup d’essay,
suiuy de celle du Mareschal de la Motche Houdancour ; & en
ces derniers temps, des Officiers de vostre Grand Conseil &
Cour des Aydes, & d’vn grand nombre de proscriptions, l’ont
prisonnemens, & autres mauuais traitemens plus ou moins inhumains,
selon que la resistance à sa tyrannie luy este



page précédent(e)

page suivant(e)