Anonyme [1649], TRES-HVMBLE REMONSTRANCE DV PARLEMENT AV ROY, ET A LA REYNE REGENTE. , françaisRéférence RIM : M0_3814. Cote locale : C_9_50.
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Telle a esté celle du Cardinal Mazarin, qui a si fort espuisé
le Royaume pour s’enrichir, qu’il y a peu de personnes à la
Campagne ausquelles il reste vn lict pour se coucher, moins à
qui il ayt laissé de quoy auoir du pain suffisamment pour se
nourrir auec son trauail ; & il n’y en a point du tout qui puisse
viure sans incommodité. De sorte que si vostre Parlement touché
des sentimens de vostre seruice & des motifs de la charité,
n’eust arresté le cours de ses insupportables exactions, le moindre
mal eust esté, que vos Peuples fussent tombez dans l’impuissance
ou dans le desespoir auant la fin de la derniere année ;
Et il seroit inutile de marquer toutes les voyes qu’il a tenuës
pour faire vne telle depredation. Les seuls fonds immenses
qu’il a consommez dans la Marine, dont il a disposé
sans en rendre compte, seroient capables d’épuiser vos Finances.
Il suffit de dire, Qu’il est le Maistre, Qu’il prend tout ce
qu’il peut toucher, comme s’il estoit sien ; Qu’il a conserué &
augmenté le nombre des Partisans & gens d’affaires ; qui sont
les sangsuës qui luy facilitent le moyen pour auoir de l’argent
comptant ; Qu’il a leué plus de quatre vingts millions de liures
pat an ; Qu’il nous a engagez de cent cinquante ; & Que l’on ne
trouue plus presque d’or ny de bonne monnoye en France.
Iugez de là, SIRE, où il est.

Mais le plus notable interest, le plus criminel & le plus contraire
qu’il ayt eu à celuy de V. M. ç’a esté de vouloir tirer vos
Subjets de vostre dependance, pour les mettre en la sienne,
ou de leur consentement, ou par force. Dieu sçait ceux qu’il a
corrompus ; il est assez aisé d’en descouurir quelques-vns dans
le nombre de ses Partisans ; Et l’occasion presente sera vne pierre
de touche, pour marquer ceux qui sont à vous ou à luy.

Ce qui n’est que trop public, sont les violences qu’il a faites
pour destruire les vns, & pour intimider les autres. La detention
du Duc de Beaufort trouué innocent, fut son coup d’essay,
suiuy de celle du Mareschal de la Motthe Houdancour ;
& en ces derniers temps, des Officiers de vostre Grand Conseil
& Cour des Aydes, & d’vn grand nombre de proscriptions,
d’emprisonnemens, & autres mauuais traitemens plus
ou moins inhumains, selon que la resistance à sa tyrannie luy



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