Anonyme [1649], TRES-HVMBLE ET CHRESTIENNE REMONSTRANCE A LA REYNE REGENTE. Sur les mal-heurs presens de l’Estat. , françaisRéférence RIM : M0_3807. Cote locale : D_2_6.
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anciens de sa Noblesse & de son Estat, & s’estre laissé emporter
aux conseils violens d’vne jeunesse, sans pieté, sans religion,
& sans experience : Il n’y a point de conseil pour aduantageux
qu’il paroisse, qui merite d’estre suiuy, lors qu’il cõbat les Loix
de l’humanité, & qu’il tend à la ruïne des fortunes, de la vie, des
biens & du repos d’vn Estat : Il n’y a rien de si cher ny de si considerable,
qui ne doiue cedder aux interests de la paix & de la
tranquilité publique ; Et il n’y a point de particulier pour esleué
qu’il soit, qui ne soit obligé à renoncer à sa propre conseruation,
si tost qu’il la voit en compromis auec la vie d’vn million
de testes, auec le salut & le bien de tout vn Royaume. Et
il ne peut pas sans crime souffrir que sa vie & sa fortune soient
preferée aux malheurs & aux desordres, qui sont les suittes &
les consequences de la guerre : il ne peut sans vn dernier aueuglement
estre le motif de tant de miseres, & consentir que
pour le conseruer on expose les plus belles Prouinces aux rigueurs
de la famine, au tumulte des seditions, à la profanation
des Autels & des Temples, au violement des Cloistres &
des Vierges, au sang, aux incendies, à la perte de la Religion,
à l’establissement de la Tyrannie, & à la ruïne entiere d’vn
Estat. Moyse voyant Dieu irrité contre le peuple qu’il auoit
confié à ses soins & à sa conduite, & le voyant prest à punir vn
crime tres-enorme par vne derniere ruïne : Il prie, il presse, il
conjure cette Majesté infinie, par toutes les raisons que luy
peuuent inspirer sa pieté & sa douceur naturelle, d’arrester le
dessein de sa vengeance : Mais apres tant de vœux & de larmes
respanduës, n’ayant peù fleschir sa colere, il fait vn dernier
effort qui le fait victorieux de toutes les resistances de cette
Majesté irritée, donnant à saIustice le choix de ces deux offres,
ou d’effacer Moyse, le pere detant de peuples du Iure de vie,
& de le condamner eternellement, ou bien de faire à son Peuple


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