Anonyme [1649], SOMMAIRE DE LA DOCTRINE CVRIEVSE DV CARDINAL MAZARIN. PAR LVY DECLAREE EN VNE LETTRE qu’il escrit à vn sien Confident, pour se purger de l’Arrest du Parlement, & des Faicts dont il est accusé. Ensemble la response à icelle, par laquelle il est dissuadé de se representer au Parlement. , françaisRéférence RIM : M0_3683. Cote locale : E_1_81.
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Qu’il est hors de propos, pour blasmer mes actions, de me proposer les Ordonnances,
puis que representant la personne du Roy, c’est moy qui en dispense les
autres.

Resp.

Si pour auoir occasion de transporter cet argent, ie n’ay pas pratiqué les sieges
de Piombino & de Portolongone, quoy que tous ceux qui auoient quelque experience
en la guerre, m’eussent asseuré que ces sieges ne pouuoient apporter aucun
honneur à la France ? Si pour le mesme sujet, ie n’ay pas affecté de faire des leuées
de gens de guerre chez les Polonois, Allemans, Escossois & Anglois, afin de trouuer
quelque pretexte à la sortie de l’argent hors de France, quoy que l’on aye iamais
manqué d’hommes en ce Royaume, & que les Estrangers que l’on y fait venir
coustent quatre fois autant que les soldats François, qui valent neantmoins mieux
dans les armees, que ceux des autres Nations ?

9. Int.

Qu’il suffit de dire pour me justifier de ces sieges, que ne paroissant pas que dans
leurs entreprises ils fussent dommageables à la France, que le mauuais succez n’en
doit faire blasmer les desseins ; estant incertain si d’autres eussent reussi plus fauorablement
que ceux là, & que la commodité que i’en ay tiree ne me peut estre imputee,
puis qu’il n’importoit à l’Estat de quel costé il attaquast son Ennemy, pourueu
qu’il en pust esperer de l’avantage. Et me suffit aussi pour ma justification, que les
leuees de gens de guerre chez les Estrangers, ayent apporté cette vtilité à la France,
de conseruer ses hommes pour des occasions pressantes, sans que la commodité que
i’en tire, puisse passer pour criminelle ; veu qu’il suffit qu’elle ne combatte pas les
interests de la France, pour estre à l’abry de tout reproche.

Resp.

Si ie n’ay pas diuerty le fonds des finances du Roy, & employé plus d’argent aux
machines des theatres & balets qu’à celles de la guerre ?

10. Int.

Que ce faict ne consiste qu’en interpretation, & que ces profusions ne me seront
pas imputees à crime, quand on sçaura qu’il ne coustoit chose quelconque au Roy
des balets & des comedies, qui luy ont donné tant de plaisir, parce que les avances
se prenoient veritablement dans les coffres de sa Maiesté ; mais ayant eu soin de les
faire representer au Public, apres que le Roy & sa Cour y auoient pris leur satisfaction,
ie retirois par mes gens beaucoup plus que les avances n’auoient cousté. Ce
que i’emploiois aux recompenses que la Reine me permettoit de prendre pour mes
seruices, dont les finances de sa Maiesté demeuroient d’autant deschargees.

Resp.

Si ie n’ay pas pris des profus sur le pain de munition, destiné pour la nourriture des
gens de guerre ?

11. Int.

Que c’est m’accuser d’auoir trop bien mesnagé les finances du Roy, parce que de
verité ayant veu en quelques annees, que le soldat estant avancé dans le pais ennemy,
auoit moyen de subsister des pillages qu’il faisoit, i’ay donné ordre à quelques
personnes interposees, de souffrir aux Entrepreneurs du pain de munition, qu’ils le
diminuassent de quelques onces : à la charge qu’il leur seroit moins baillé à proportion
du prix conuenu auec eux, ayant depuis employé cette diminution vtilement
pour quelques affaires secretes.

Resp.

Si abusant de l’authorité que la Reine m’a donnée, ie n’ay pas disposé des principalles
charges & offices du Royaume indifferemment à toutes sortes de personnes,
sans auoir égard aux merites, pourueu qu’il m’en fût donné récompense ; & si particulierement
ie n’ay pas tiré vne somme tres-considerable pour pouruoir le sieur d’Emery
de la Surintendance, & Monsieur le Camus du Controolle general des Finances ?

12. Int.

Que cette demande contient ma deffence : car puisque la Reine a laissé les grandes



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