Anonyme [1649], SOMMAIRE DE LA DOCTRINE CVRIEVSE DV CARDINAL MAZARIN PAR LVY DECLAREE EN VNE LETTRE qu’il escrit à vn sien Confident, pour se purger de l’Arrest du Parlement, & des Faicts dont il est accusé. Ensemble la Response à icelle, par laquelle il est dissuadé de se representer au Parlement. , françaisRéférence RIM : M0_3683. Cote locale : C_10_17.
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puis qu’ils ne m’obligeoient à faire chose quelconque quine fust pour le seruice
du Roy de France.

 

Resp.

Pourquoy i’ay enleué nuictamment le Roy hors de Paris, & mis la confusion
dans toute la France ?

33. Int.

Que la raison n’en est appuyée que sur ce fondement legitime de maintenir
l’autorité Royale, que ses subjets vouloient auilir en se seruans de cet aduantage,
qu’ils tenoient le Roy & ses Ministres en leur puissance.

Resp.

Pourquoy donc, pour trouuer pretexte à cet enleuement, & pratiquer la desunion
entre le Parlement & le Bourgeois, i’ay tasché de calomnier cette Compagnie
par la lettre que ie fis enuoyer à l’Hostel de Ville, & par les libelles que i’ay du
depuis semez dans les ruës ?

34. Int.

Que les maximes d’Estat ne veulent pas que l’on descouure tousiours au peuple
les veritables motifs des actions de ceux qui en ont la conduite ; & quoy que l’autorité
Royale soit vn pretexte tres equitable, que neantmoins parce qu’en certains
rencontres elle choque la liberté des peuples, cela en imprime quelque
auersiõ dans les esprits des moins obeissans, qui ne considerent point que le Roy ne
s’esleue & n’establit son pouuoir, que pour mieux les defendre contre les ennemis
communs. De là vient que i’ay crû à propos de rejetter la sortie du Roy sur les entreprises
du Parlement contre sa personne, afin que le peuple en conceuant quelque
indignation contre eux, il refusast de prester assistance : dont cette Compagnie
ne me doit sçauoir mauuais gré, puis que tout mon procedé n’a esté que pour
le maintien de l’authorité Royale, auquel elle est obligée aussi bien que moy.

Resp.

Si ie n’ay pas donné conseil à la Reine de ruiner la ville de Paris ?

35. Int.

Que ce n’a iamais esté mon dessein de faire aucun desordre en la ville, mais bien
d’en affoiblir insensiblement les forces, lui ostant les Compagnies souueraines & la
Cour de sa Majesté. Parce qu’ayant recogneu que la grandeur de cette ville seruoit
de contre-poids à l’authorité du Roy, i’ay creu qu’il alloit de mon ministere & de
mon deuoir de retrancher cet empeschement à la puissance absoluë de sa Majesté.

Resp.

Si ie me suis pas seruy de charmes & autres inuentions diaboliques pour me conseruer
la bonne volonté de la Reine, & pour attirer de mon party Messieurs le Duc d’Orleans
& Prince de Condé ?

36. Int.

Que i’ay tousiours eu horreur pour les sortileges, & neantmoins qu’il est bien vray
qu’à mon aduenement au Ministere, vn de mes Confidens me congratula d’auoir
employé le sort pour le faict sur lequel ie responds ; mais que ie ne l’ay iamais aduoüé,
& lui ay refusé mesme quelque recompense qu’il croyoit obtenir de moy à cette occasion.

Resp.

Si toute ma religion n’est pas establie sur la doctrine de Machiauel, ne tesmoignant
aucun zele pour la loy Chrestienne, veu qu’il semble que ie n’approche des Sacremens,
& fasse cas des mysteres de l’Eglise, que pour me purger de l’infidelité dont on
me pourroit accuser ?

37. Int.

Que ma qualité de Cardinal me laue assez de cette accusation, & que cette dignité
me doit rendre tres-ardent pour la doctrine qu’enseigne l’Eglise Catholique, Apostolique
& Romaine : mais que ce qui trompe ceux qui examinent de si prés mes actions,
est que i’estime que la deuotion exterieure n’est pas celle qui doiue estre la
plus affectée.

Resp.

Si ie n’ay pas exercé la simonië la plus odieuse qui fut iamais, en baillant des millions
à ceux qui se sont employez vers le Pape pour obtenir à mon frere le Cardinal
de Sainte Cecile, le chapeau auec le quel il est mort ?

38. Int.



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