Anonyme [1649], SERMON DE L’EVCHARISTIE POVR L’OCTAVE DE LA FESTE-DIEV. PREMIERE PARTIE. Preschée par le R. P. A. D. , français, latinRéférence RIM : M4_78. Cote locale : C_10_8.
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ont mesprisé comme remarque Procope, Cupient igne potiue
etiam combusti quàm saluatorem omnium inter morsales degentem intueri.
Disons que les gens de bien ont cecy de commun auec
eux qu’ils trouuent des delices parmy les seux ; de mesme
que ces trois enfans dont l’escriture publie l’innocence
entonnoient des chants d’allegresses, & des Cantiques de
loüange au milieu de la fournaise de Babylone : De toutes
les peines qu’endure Dauid, il n’y a que sa propre honte
qui le persecute sans cesse, & qui ne luy donne ny treues
ny relasches, Tota die verecundia mea contra me est, & confusio faciet
meœ cooperuit me ; Cependant c’est le supplice dont Iesus-Christ
vange l’ingratitude contre son corps ; il appelle tous
les flambeaux des Cieux, & toutes les oreilles de la terre
pour estre tesmoins de l’horreur de ce crime, afin de le
rendre public & cogneu à tout l’vniuers, punition plus
cruelle que les gibets, que les feux, que les flammes, & que
les rouës, dit S. Chrysostome, Hœc verecundiœ supplicia magis
illos cruciabant ; Mais ce n’est pas encor assez punir vn crime
si effroyable que de l’exposer à la veuë du Ciel & de la terre,
de le rendre la honte & l’insamie des estoilles & des rochers ;
il faut mesme que la rage, que le desespoir, que
l’enfer & les demons en soient les bourreaux dés ce monde.
Et ie vous prie qui rend Iudas forcené, qui luy donne
vne mort honteuse & funeste, qui le fait la victime des
diables sinon l’ingratitude qu’il commet contre cét Auguste
& redoutable Mystere : Homini ingrato intrauit panis in
ventrem, host is in mentem, dit S. Augustin, sur ces paroles de
l’Euangile, Et post buccellam intrauit in eum Satanas. Iesus-Christ
trempant du pain figure de l’Eucharistie & le donnant à
Iudas, à mesme temps qu’il entre dans la poictrine de cette
ingratte creature, le diable se saisit de son ame, prend
possession de son esprit, & comme son ennemy & son bourreau,
il le rend vn deicide, vn traistre, vn sacrilege, vn perfide
& vn damné pour iamais ; le gesne par sa propre conscience,
par l’horreur de ses crimes, par vn poteau infame
où ce miserable se pend, & en suitte par des feux qui ont
l’Eternité pour durée.

 



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