Anonyme [1649], SERMON DE L’EVCHARISTIE POVR L’OCTAVE DE LA FESTE-DIEV. PREMIERE PARTIE. Preschée par le R. P. A. D. , français, latinRéférence RIM : M4_78. Cote locale : C_10_8.
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Vne Amantẽ dans Ouide se plaignant de l’ingrat Demophon
demandoit si sa teste criminelle contre tant de diuinités
offencées pourroit iamais en supporter les vengeances,
& les carreaux, parce qu’elle croyoit que luy ayant
iuré de l’amour par la venuë de son Fils, & de la fidelité
par le reste des Dieux, que toutes ces puissances suprémes
luy deuoient chacune vne punition & vn foudre : mais
helas ! ces mal-heurs sont bien plus à craindre d’vne indigne
communion, puis qu’elle offence toutes les diuinitez
que nous adorons, & qu’elle blaspheme ces mysteres qui
sont l’objet de nostre foy & de nostre amour. Quicumque
manducauerit panem hunc, quiconque mangera ce pain &
boira ce Calice indignement il sera coupable du Corps &
du Sang de Iesus-Christ, anneanty dans l’Incarnation, enueloppé
de langes en sa Natiuité, soûmis à la Circoncision,
offert au Peré Eternel dans le Temple, rayonnant de gloire
en sa Transfiguration, couuert de playes & de blessures
en sa mort, sortant glorieux du tombeau, & seant à la
dextre du Pere dans les Cieux. Circumdabo altare luum Domine,
vt audiam vocem laudis, & enarrem vniuer sa mirabilia tua. O Dieu
Eternel qui estes assis sur les Cherubins, i’enuironneray
vostre Autel pour y escouter la voix de ce Sacrement de
loüange, & publieray toutes les merueilles & toutes les
punitions qu’il reserue pour les ingrats. De mesme que les
Payens enuironnoient leurs Autels par trois fois, & auec
des cordes à trois couleurs y attendoient les vengeances
contre ceux qui en mesprisoient les ceremonies. Audite
cœli, & auribus percipe terra, quoniam Dominus locuius est, silios enutriui
& exaltani, ipsi autem spreuerunt me, cognouit bos possessorem
suum, & Asinus præsepe Domini sui, Isrdel autem non me cognouit &
populus non intellexit. Que les Cieux escoutent, & que la terre
preste l’oreille, dit Dieu qui regne en cét autel, & qui veut
parler : I’ay nourry de ma chair, & de mon sang des enfans :
Ie les ay esleué iusques à l’vnion de ma diuinité dans ce
mistere, & au lieu de m’en remercier, ils ont payé mes
faueurs de mespris. Le Bœuf recognoist son maistre & l’Asne
l’estable de son Seigneur, & ce Chrestien me mecognoist,
ce peuple aueuglé mesprise mes biens, reiette mes



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