Brie Contre Robert, d’où ayans sceu que le Roy estoit party pour
aller coucher au chemin proche Lagny, ils enuoyerent à Monsieur
le Garde des Sceaux, pour sçauoir où sa Majesté leur pourroit donner
Audiance, ils apprirent qu’elle en estoit partie le lendemain
pour aller à S. Denis, ce qui les obligea de s’y rendre, où estans
allez, & deuant y entrer, ils trouuerent vn ordre du Roy pour aller
coucher à Argentüeil ; ce qu’ils firent le vingt-neuf Iuin, & enuoyerent
le lendemain le sieur de Saintot pour auoir Audiance de
sa Majesté, qui leur fut accordée au lieu de sainct Denis, le premier
Iuillet où ils se rendirent, & furent conduits dans le Monastere
des Vrselines ou estoit sa Majesté, qu’ils trouuerent assise dãs
son Cabinet, proche d’elle la Reine aussi assise, Monsieur le Duc
d’Anjou, Monsieur le Prince Thomas, Monsieur le Garde des
Sceaux, Monsieur de Boüillon, Messieurs les Mareschaux de Villeroy
& du Plessis, les sieurs de la Vieuille Sur-Intendant, & Seruien,
les quatre Secretaires d’Estat, & le Capitaine des Gardes
du Corps, ou estant, dit ledit sieur President de Nesmond,

SIRE,

La bonne volonté que vostre Majesté nous a fait paroistre
pour appaiser les maux & les desordres de l’Estat, nous oblige à
porter de nouuelles prieres, & à ne laisser pas sans action cette
source de biens, de Iustice & de graces, dont le Royaume attend
tous les iours le secours ; les Villes sont dans le tumulte, la campagne
en desolation, les hommes animez les vns contre les autres
par la violence de la guerre ; la Frontiere exposée aux trouppes
Estrangeres, au profit seul des ennemis : Nous prions vostre Maiesté
de sauuer ce qui reste, de peur que dans l’excés des malheurs
de la France, il ne s’y trouue plus d’obiets de sa bonté, & que cette
premiere année de sa Majorité ne soit pas remarquée aux siecles
à venir, par la peste, la guerre, & la famine : Nous esperons de
la grace de Dieu & des benedictiõs, que le Ciel prepare à son regne,
vn plus heureux succés, & luy portons suiuant sa volonté la Declaration
de Monsieur le Duc d’Orleans, & de Monsieur le Prince,
de poser aussi-tost les armes, & executer sincerement & de bonne
foy les articles portez par la response dont il a pleu à vostre Maiesté
nous honorer, en faisant retirer le Cardinal Mazarin, conformement
à sa Declaration : Nous la supplions de receuoir ces sentimens
qui partent de son sang, auec vn cœur Royal, & les vœux