Anonyme [1649], SECOND DISCOVRS OV DIALOGVE, DES TROIS FIGVRES DE BRONZE, QVI SONT SVR LE PONT AV CHANGE. , françaisRéférence RIM : M1_221. Cote locale : C_2_51.
page précédent(e)

page suivant(e)

-- 4 --

La Reine Mere.

 


SIRE, pardonnez-moy, ie vous iure en mon ame,
Que ce n’est pas par moy, que ce mal est venu,
Les Ministres d’Estat doiuent porter ce blasme ;
Car trompans ma bonté, ils m’ont circonuenuë,
Mazarin, d’Emery, le Chancelier de France,
Auec les Partisans, ont pillé la Finance.

 

Le Roy deffunt.

 


Ie l’auois bien preueu, & par mon ordonnance
Et dernier Testament, expres i’ay deffendu,
Qu’on ne vous donna point, de mon Fils la Regence,
Vostre Espagnol caprice, m’estant assez connu,
Mais la Cour abusée, de vostre hypocrisie,
Mesprisant mon aduis, fit à sa fantaisie.

 

Le Roy d’auiourd’huy.

 


C’est à moy chose honteuse, à la Royne vn grand blasme,
Pendant les ieunes ans de ma minorité,
De me sousmettre aux loix de ce Ministre infame,
Qui dérobe à mon Sceptre toute l’authorité ;
Et pour ses passions, a pour bourreaux mes Princes,
Qui remplissent de meurtre & de sang mes Prouinces.

 

La Royne à son Fils.

 


Ha ! mon fils, ie l’aduouë, ie suis ensorcelée,
I’ay les yeux esblouïs, l’entendement perdu ;
I’ay le cœur endurcy, & mon ame obstinée :
Car i’ay pour Mazarin, vos thresors dependu ;
Mais vous aurez bien-tost de ce mal la vengeance,
En luy ostant la Vie, & à moy, la Regence.

 

FIN.



page précédent(e)

page suivant(e)