demeure vne solitude perpetuelle, ie suis pourtant
rauy quand des personnes de merite, de probité,
& d’vne sainte vie, comme ie ne doute point
que vous ne soyez, prennent la peine de me venir
voir dans ma retraitte, & de m’honorer de
leur entretien ; C’est pourquoy, mon Reuerend
Pere, ie me tiens glorieux, & de vostre visite ; & ie
le seray encore plus, si ie puis respondre à ce dont
vous me ferez la faueur de m’entretenir.

Le Religieux.

Auec cette permission que vous me donnez,
mon bon Frere, ie prendray donc la liberté de
vous dire que ie ne viens point icy pour loüer vostre
zele, vostre patience, & vostre pieté, bien que
ie le doiue. Mais ie viens vous dire les desordres
qui sont arriuez dans Paris depuis quelque temps,
& vous en demander vos sentiments, si vous auez
pour agreable de me les dire.

Le Reclus.

Mon reuerend Pere, ie sçay bien que mes sentiments
auront peu d’efficace ; mais ie tascheray
de vous respondre le plus pertinemment que ie
pourray.

Le Religieux.

Mon bon Frere, ie veux croire que vostre solitude
& vostre pur détachement auront peu
vous empescher de sçauoir les particularitez de
ce desordre : ie serois trop long si ie voulois vous