Anonyme [1649], RESPONSE D’ARISTE A CLYTOPHON SVR LA PACIFICATION DES TROVBLES DE PROVENCE. , françaisRéférence RIM : M0_3390. Cote locale : C_3_84.
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simplicité du peuple, neantmoins nous voyons bien que toutes
leurs promesses ont esté vaines pensées, & que bien loin d’esperer
du soulagement par la descharge des subsides, il faut penser à
mettre de nouuelles impositions pour payer nos nouuelles debtes.
Nous nous sommes engagez à leur consideration de cinq cens
mil liures tout de nouueau, les interests de coste somme, auec ceux
que nous deuions desia nous vont abysmer : Il n’y-a qu’vne parole
seule dans ce Traicté qui puisse estre interpretée à leur auantage,
c’est le mot d’Amnistie ; encore les sages nous disent sourdement
que c’est vn piege, & qu’vne abolition eust esté meilleure
& plus asseurée.

 

Au reste ie vous prie consolez-vous de la crainte que
vous faites paroistre dans vostre Lettre, que cette paix ne sera
pas de longue durée. Pour moy qui connois vn peu plus
particulierement que vous leur foiblesse, ou plutost leur impuissance,
i’oserois la parier éternelle : Ils n’ont plus le nerf de
la guerre, leur vaisselle d’argent est fonduë, les ioyaux, les perles
& les bagues de leurs femmes sont en gage dans Avignon :
tous nos Marchands sont presque ruïnez & prests à faire banqueroute
pour leur auoir presté ce qu’ils ne pourront pas retirer de
long-temps : Les Deputez du corps des galeres & des vaisseaux
les pressent de payer ce qu’ils ont promis au Roy. Quand ils auroient
presentement deuant eux vn million de comptant, ils n’en
auroient pas la moitié de ce qu’il en faut pour sortir d’affaires.

Enfin, s’il y auoit quelqu’vn qui eust sujet de se plaindre de cette
paix, ce seroit vne centaine de particuliers sortis d’Aix auec
beaucoup de peine au commencement de la guerre, crainte d’estre
assommez & immolez à la fureur du Peuple ; pour auoir tesmoigné
vne constante fidelité au seruice du Roy : Leurs maisons
ont esté pillées, leurs meubles vendus à l’encan : On a enleué iusqu’aux
portes & aux fenestres ; Il ne reste plus rien dans leurs maisõs
champestres que les murailles, quelques vnes mesmes ont esté
bruslées par nos cadets : Neantmoins Monsieur le Comte d’Alais
leur promet, à ce qu’on nous a dit, d’appuyer fortement leur
cause, & d’employer tous ses amis & toute son authorité au Conseil
pour leur faire auoir raison des torts qu’on leur a faits.
La Reyne qui est tous les iours au pied des Autels pour respandre
non seulement ses larmes, mais encore son cœur deuant le Pere



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