Anonyme [1649], RESPONSE D’ARISTE A CLYTOPHON SVR LA PACIFICATION DES TROVBLES DE PROVENCE. , françaisRéférence RIM : M0_3390. Cote locale : C_3_84.
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dans Aix auec tant d’ardeur, ne se tiendra point, par consequent
les voix seront libres ; on se pourra plaindre hautement que nous
sommes trop peu chargez ; on pourra demander hardiment que la
qualité de Procureurs ne soit pas attachée inseparablement à nos
Consuls ; & quand mesme on ne nous feroit point ce desplaisir,
le dementy tousiours nous en demeure, en ce que tous les desseins
que nos Messieurs fondoient sur l’assemblée, se tenant dans Aix,
auortent en la tenant ailleurs.

 

Ne contés vous pour rien le restablissement du Regiment,
il ne faut que se souuenir de ce que l’Autheur de nostre remonstrance
en a dit juger sainement des aduantages qui en peuuent
reuenir à Monsieur le Comte ; il suffit en general de dire qu’il
n’y a jamais presse de choquer vn Prince qui est armé naturellement.
Nous auons plus d’apprehension d’vne compagnie de
gens de guerre que de mille Arrests. Il n’y-a pas sagesse d’escrire
contre celuy qui est en estat de proscrire. Des deux symboles
de la Iustice, le Parlement n’a que la Balance ; & Monsieur
le Comte l’Espée : Iugez à cette heure lequel des deux est
mieux partagé.

Que dirons nous maintenant des éuocations que le Conseil
promet à tous ceux qui ont suiuy le party du Roy sous les ordres
de Monsieur le Comte. Nos Messieurs ne peuuent pas dissimuler
le prejudice qu’elles font à leur jurisdiction ; ils s’en plaignent
fort hautement ; & rien n’adoucit leur plainte que l’esperance
dont ils se flattent de les faire bien reuoquer. Neantmoins nous
ne croyons pas que ce qui a esté promis dans vn traicté solemne,
de paix soit jamais reuoqué que du consentement des interessés,
lesquels ne sont pas pres à se fier au Parlement. Nous sommes
en vn pays où l’on n’oublie quasi iamais les injures, & où la
vangeance est sans doute la plus forte & la plus violente des passions.
Le Conseil a trop d’equité pour donner en proye les biens,
l’honneur, la fortune & la vie de ceux qui ont seruy le Roy à
ceux qui ont fait tous les efforts imaginables pour ruïner son
authorité dans la Prouince. Le manquement de parole en vn
article si essentiel à la tranquillité publique, est de trop dangereuse
consequence. Ie craindrois que dans vne semblable rencontre
le Roy ne trouueroit plus de seruiteurs, si maintenant
consormement à sa promesse, il ne les empesche de tomber sous



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