Anonyme [1649], RESPONSE D’ARISTE A CLYTOPHON SVR LA PACIFICATION DES TROVBLES DE PROVENCE. , françaisRéférence RIM : M0_3390. Cote locale : C_3_84.
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& S. Paul auoient esté pris à discretion, que Pertuis, Manosque
Sergualguier & Apt s’estoient reuoltez contre nous, que le sieur
de Mimet auoit defait cinq cens hommes au Baron de Bras,
que toutes Villes sur lesquelles nous auions fondé plus d’esperance
auoient recogneu leur faute & demandé pardon auec toutes
les marques d’vne parfaite contrition & d’vne veritable repentance :
on nous fit voir encor comme nous ne pouuions plus
esperer aucun secours du Comtat, depuis que le Vice-Legat d’Auignon
eust enuoyé protester de sa fidelité au seruice du Roy,
sous les ordres de Monsieur le Comte.

 

Le seul exemple qu’on fit à Merargues en pandant le Consul &
le Commandant pour auoir souffert le canon dans vne Place qui
n’estoit pas tenable, fit tomber les armes des mains aux plus
échauffez pour le seruice du Parlement ; on ne voyoit autre chose
que des Consuls & des Deputez qui venoient offrir les Clefs
de leur ville. Ceux qui auoient surpris le Chasteau de la Garde
pres de Tholon l’abandonnerent d’effroy à ce premier bruit :
Ceux du Lioure qui s’estoient laissés desbaucher au President
de Ragusse, amenerent deux canons à Madame la Comtesse dans
Tholon, pour dire qu’ils ne pensoient plus ny à rien entreprendre
ny mesme à se defendre : il n’y auoit plus rien qui branloit
dans la Prouince contre le seruice du Roy, tout l’orage de
la guerre venoit fondre dessus nos testes, sans doute nous
n’auions pas dequoy resister, & c’est vne espece de miracle
comme on n’a point assommé le Parlement, le monde auoit
ouuert les yeux : l’enchantement du premier amour que nous
auions eu pour Messieurs estoit défait, personne n’estoit resolu à
se perdre pour leurs interests : nous sçauions bien que nous pourrions
aisément faire nostre paix auec Monsieur le Comte,
en luy abandonnant ses ennemis : d’ailleurs il n’estoit pas
juste de perir pour ceux qui auoient épuisé nos bourses par des
exactions violentes ; Il n’appartient qu’à IESVS-CHRIST
d’auoir des Martyrs : chacun vouloit sauuer quelque reste de
son desbris, les choses n’estoient pas si desesperées qu’il fallut
jetter le manche apres la coignée. Ie puis dire auec verité d’auoir
veu vn grand nombre de gens de bien qui s’esjouïssoient
des progrez & de l’approche de Monsieur le Comte, pour
estre affranchis de ce mal-heur naissant. Si la paix eut tardé



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