Anonyme [1649], RESPONSE DE MONSEIGNEVR LE PRINCE, A LA REQVESTE & à la Remonstrance qui luy ont esté adressées par le Parlement de Dijon, à son arriuée en Bourgogne. Auec la Declaration qu’il leur a faite de n’estre plus Mazariniste. , françaisRéférence RIM : M0_3403. Cote locale : A_8_53.
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Souuerain, est criminel de leze Majesté en quelque sens qu’on
le puisse prendre. Lucibel & plusieurs de ses compagnons furent
eternellement damnez pour vn crime de mesme nature.
Mal aisément peut-on attenter à des puissances ordonnées de
Dieu, sans attenter à sa saincte & sacrée personne.

 

Ie veux bien encore que les mesmes considerations n’obligent
pas les Sujets à rendre égale obligation à la personne des
Regens, qu’à la personne du Prince, qui est hors de tutelle.
Leur condition, quelque sublime qu’elle puisse estre, est tousjours
de beaucoup inferieure à la dignité Royale, ie l’aduouë ;
& si vous m’auez veu autrefois vn peu plus passionné qu’il ne
falloit pour vn party, que i’ay découuert du depuis n’estre pas
le plus iuste, ie vous prie de croire que vous me verrez d’ores
en auant mille fois plus zelé pour le vostre, que ie tiens estre
celuy de Dieu, du Roy, & du Peuple.

Il est vray que ny les Regens ny les Fauoris n’estans pas Souuerains,
ne peuuent pas durant la Regence faire aucune nouuelle
loy : Car la puissance de ce faire n’est que la vertu d’vne
authorité absoluë, qui est affectée en la seule persõne du Prince.
Que si i’ay souffert qu’on ait crée de nouueaux Offices
pendant la minorité du Roy, ie ne suis pas le seul qui ay contribué
à cette tyrannie ; tous les Princes, tous les Parlements,
dont vous estes du nombre, & particulieremẽt celuy de Paris,
n’en seront pas moins responsables que moy ; puis qu’il vous
faut rendre Leçon pour Leçon, & Remonstrance pour Remonstrance.
Ainsi également criminels des voleries des Ministres
d’Estat, & de ce nombre infiny de sangsuës, trauaillons
également à leur perte.

La bonne opinion que i’ay conceuë du zele & de l’affection
que les François ont pour leur Roy, & l’equité de leur cause,
me fait estroitement embrasser leur party, & me fait croire
qu’ils sont prests à faire des miracles pour le seruice de leur
Prince. Nous en auons de grands exemples dans toutes les
guerres qui se sont passées depuis longues années, & toute la
suite de cette troisiesme Leçon est si belle, que vous m’obligez
infiniment de me la faire bien longue. L’expression d’vne
obeïssance si parfaite, ne me sçauroit iamais estre desagreable.



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