Anonyme [1649], RESPONSE DE LA PLVS FAMEVSE COQVETTE DE L’VNIVERS, A LA LETTRE DV PLVS MALHEVREVX Courtisan de la Terre. Auec plusieurs Questions qu’elle luy fait, pour sçauoir l’explication de ce qu’il veut dire. , françaisRéférence RIM : M0_3393. Cote locale : C_3_21.
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VIII. Si vne Dame sçauroit estre plus honteuse de la captiuité
d’vn Amant, que glorieuse d’en estre la cause, sans marquer la foiblesse
du passionné.

IX. Si vn Caualier qui n’est pas comme il desire, dans les bonnes
graces d’vne Dame, qui ne tente que les imparfaits, comme il
l’asseure luy mesme par sa lettre, peut dire qu’il cherit son visage,
sans se mettre au nombre de ceux à qui la Nature a desnié les plus
beaux traits, dont elle pare ses ouurages.

X. Si les honnestes gens ne sçauroient courtiser vne Dame, que
parce que la bien seance le veut, ou qu’ils ont entrepris de la surprendre.

XI. Si les femmes qui se piquent de donner de l’amour, sans en
receuoir, peuuent passer pour coquettes.

XII. Si vne Dame qui est punie des mesmes armes, dont elle
outrage ses Adorateurs, ne sera pas chastiée des siennes propres.

XIII. Si la bonne opinion qu’vne Dame a de soy, peut offenser
les esprits les plus indulgeans.

XIV. Si la cause de la retraite du Soleil, peut estre la cause des
perfections d’vne Dame.

XV. Si c’est le propre des imaginations que de se faire oüir.

XVI. Si vne Dame de condition sera necessairement la suiuante
de ceux qu’elle fuit, apres que ses charmes l’auront quittée.

XVII. Si l’on peut qualifier du nom de Dame de condition,
celles qui ne le sont pas, sans leur faire beaucoup d’honneur.

XVIII. Si c’est vne bonne raison, d’alleguer à vne Dame vertueuse,
pour l’obliger à commettre vn adultere, que celles qui ont
obserué ses maximes, ont fait naufrage dans leurs desseins.

XIX. Si à l’âge de vingt ans vne Dame peut auoir plus de seruiteurs
que d’amis, puis qu’il est impossible de la seruir sans l’aymer.

XX. Si ceux qui prennent part aux interests d’vne Dame, doiuent
pleurer lors qu’elle n’a pas voulu ceder aux brutalitez d’vn
homme.

XXI. Si celuy qui nous aime, se doit estonner de ce que nous
continuons à bien viure.

XXII. Si vne Dame doit rougir, de n’auoir pas commis vn adultere.

XXIII. Si la raison nous prescrit des Loix pour offenser Dieu.



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