Anonyme [1651], RESPONSE A LA DECLARATION DV ROY, Imprimée contre Monsieur de Chasteau-neuf & Madame la Duchesse de Cheureuse. , françaisRéférence RIM : M0_3359. Cote locale : B_14_28.
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intentions, par l’acceptation qu’elle en fera. Madame de Cheureuse
qui ne pouuoit refuser cette offre sans donner de la deffiance à Messieurs
les Princes, accepte l’escrit & continuë ses bons offices.

 

Quand Messieurs les Princes surent en liberté, & vindrent remercier
Madame de Cheureuse de ses soins, elle leur rendit l’escrit, & le
déchirant en leur presence, leur témoigna qu’elle n’auoit point vendu
ses soins, & qu’elle n’auoit receu cet escrit que pour fortifier leur
confiance sans dessein de s’en preualoir. Les remettoit dans leur liberté
pleine & toute entiere, bien que l’honneur de leur alliance luy
fut tres sensible, & qu’elle fust disposée à l’agréer quand il leur plairoit
en honnorer Madamoiselle sa Fille. Messieurs les Princes répondirent
à cette generosité fort genereusement, protestent qu’ils veulent
le mariage. Tiennent comme à affront des termes qui sembloiẽt
taxer de perfidie d’vn tel manquement de parole, enuoyent à Rome
pour obtenir la dispense qui estoit necessaire pour marier M. le Prince
de Conty à Madamoiselle de Cheureuse, parens au troisiéme degré.
Mais la dispence arriuée, ces Messieurs rõpirent ce traitté sur des pretextes
imaginaires, ou plustost sãs pretexte : car ils n’en alleguẽt aucun.

Il n’y a personne de quelque vile condition qu’il fust, qui n’eut droit
de se plaindre d’vn semblable procedé. Madamoiselle de Cheureuse
est des maisons de Loraine & de Rohan, dont les Roys de France
n’ont point dédaigné l’alliance. Monsieur le Duc d’Orleans la honnorée
de son sang Royal. Monsieur le Prince ne s’est allié ny si hautement
ny si richement.

Cependant Madame de Cheureuse n’a point esclatté. La Reyne
n’agrea pas qu’elle receut cét honneur ; elle a obey à ses volontez sans
murmurer. Elle a donné son ressentiment au respect qu’elle doit à sa
Majesté, & au repos de l’Estat, quoy qu’en chante l’orateur du Pont-neuf.
Pourquoy donc apres cela faire declamer contre elle au Palais
& par des libelles. Ie ne connois personne du peuple qui supportast
vn pareil outrage auec la mesme patience. Il est lasche d’attaquer
vne femme de quelque maniere qu’elle traitte auec nous. On ne combat
ce sexte que par le silence. Tout le contraire arriue en cette occasion,
puisque Madame de Cheureuse a la gloire de vaincre par des
armes si genereuses.

Qui peut apres ces choses approuuer vne Declaration de cette qualité
abolie par le Parlement, par la Reyne, par l’esperance d’vn
meilleur temps.

Pour moy, quand i’ay consideré cét escrit apres tant d’autres, qu’on
a soufferts, & qu’on a receus auec quelque espece de plaisir, qui ont
esté faits pour noircir la plus éclatante & plus veritable vertu qui ait



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