Anonyme [1649], REQVESTE CIVILLE Contre la conclusion DE LA PAIX. , françaisRéférence RIM : M0_3468. Cote locale : B_16_2.
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les artifices industrieuses de cet esprit ingenieux
à malfaire, & à se conseruer dans l’estat ou elle est : elle
promet esgalement aux grands & aux petits, & repaist
les vns & les autres de vaines esperãces & de grands salaires.
Que direz vous si ie vous asseure que Mr le Prince
qui fut las de sa femme des le lendemain de ses nopces,
& qui ne l’espousa que par consideration, luy ait
porté parole pour auoir Mademoiselle, & que la Reyne
luy ait promis de faire rompre son mariage, afin de
les marier ensemble. Elle pretend par la s’appuyer des
vns & des autres, & en iouant son ieu se mocquer de
tous ceux desquels elle a besoing : Mais aussi le Prince
de Condé, Monsieur de Mercœur, le grand Maistre &
le Mareschal de Grandmond ne cherchent que les
moyens de donner a leur tour de l’eau beniste à la Reyne,
& luy persuader qu’ils sont ses seruiteurs, pourueu
qu’ils ayent de l’argent, & qu’ils fassent leurs affaires.
Le Prince de Condé entr’autres plus vilain que ne fut
iamais son pere, demande continuellement de l’argent
& apres auoir tiranissé Mazarin dutant cette guerre
passée le presse auec des importunitez enragees, de le
recõpenser des despenses qu’il y a fait, ou dugain qu’il
esperoit y faire. Iugez de là, Mõseigneur, si nous ne somes
pas bien mal-heureux d’auoir affaire à des Princes
qui sont si lasches ou si interressez. La Reyne n’agit
que par passion ou par aueuglement, elle veut tout ce
quelle veut qu’il soit raisonnable, ou qu’il ne le soit
pas : & pour en venir à bout promet tout ce qu’on luy
demande, & pourtant ne donne iamais rien que de
l’eau beniste. On ne cognoist plus de Dieu dans la Cour


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