Anonyme [1649], REPROCHES DES COQVETTES DE PARIS, AVX ENFARINEZ, SVR LA CHERTÉ DV PAIN. , françaisRéférence RIM : M0_3462. Cote locale : A_8_34.
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surprendre à cette tromperie ? estoit-ce pour vous rendre
plus agreables à nostre sexe ? Helas ! quelle simplicité.
Non, non, nous aymons la Nature plus que l’Art ;
vne cheuelure noire nous plaist bien d’auantage, qu’vne
blonde, & comme nous sommes ennemies du froid,
nous n’aymons point ce qui ressemble à la neige. Cependant
toutes nos remonstrances n’ont pû faire impression
sur vos esprits pour vous destourner de cette
sotte coustume : vous en auez receu des reproches dans
le public, aussi bien que dans le particulier, la cigale du
Pont Neuf, & l’illustre Sauoyart n’ont point épargne
la douceur de leurs voix, pour vous aduertir des
desordres, que vous causeriez vn iour par la charté
du pain. Ils vous l’ont chanté par toutes les places publiques,
& vous vous en estes mocquez ; les Peintres
mesmes voyant que vos oreilles estoient bouchées aux
plaintes du public, ont employé leurs plus viues couleurs,
pour vous surprendre par la veüe : Ils vous ont
representé comme des lanfarines assis dedans des chaises,
où le Meusnier vous seruant de vallet de chambre,
respandoit à plains sacs les septiers de farines, sur vos
testes, ils vous ont donné pour Laquais les enfans
de la Ville qui vous suiuoient comme basteleurs, en
criant apres vous Meusnier à l’Anneau à l’Anneau, ils
vous ont dõné pour spectateurs. Vne populace entiere
qui vous monstroit au doigt, en se moquãt de vous : Et
tous ces traits de raillerie, n’ont pû reueiller vos esprits
de l’assoupissemẽt où ils estoient plõgez : & la poudre
vous ayant tendu aueugles aussi bien que sourds, vous
auez piaffe au milieu des rues sur vos mulles criardes


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