occasion de la mal traitter, & de s’en emparer, puis que
vous estes le seul sujet de son inquietude, & la seule
cause de sa haine, & l’vnique Perturbateur de son repos.
Mais ie vous exhorte, qu’auparauant vous fassiez
amende honorable à tous ces braues Senateurs, desquels
vous auez voulu obscurcir la memoire & la reputation,
vous dementant par l’affection & l’amour
qu’ils portent à leur Roy, qu’ils veulent rauoir, & que
vous leur auez enleué de nuict pour mieux ioüer vostre
tour, & que vous auez tasché d’aigrir contre eux, non
obstant la grande passion qu’il a de les obliger, & le
bon naturel qu’il a tousiours eu pour eux. C’est pourquoy
nous ne croyons plus ce que vous auez voulu
nous persuader, en nous mendant que c’estoit pour vne
cause iuste & legitime, que c’estoit pour le defendre :
mais Dieu a permis que nous ayons découuert les fourbes,
& les mauuaises inclinations que vous auez pour
elle, ce qui ne doit iamais entrer que dans l’esprit d’vn
ingrat ; c’est à elle que vous deuez vostre Fortune, & ce
que vous auez iamais eu, entre autres, toutes les richesses
que vous auez enuoyé en cette Ville du sainct Siege,
(tant pour y faire éclater vostre luxe & vostre pompe,
que vos mauuais déportemens) en sont le fidelle tesmoignage.
Ayez donc cecy pour agreable, puis que c’est
sans animosité, & sans aucune rancune que i’aye contre
vous, mais plustost que c’est mon deuoir qui m’oblige à
vous remõstrer dans vos mauuais déportemens : & puis
quant il arriueroit que ie ne vous aduertirois pas, n’estes
vous pas homme, & n’auez vous pas vne conscience, &
de plus, n’auez vous pas vne ame à sauuer, que vous perdez,

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