Anonyme [1648 [?]], REMONSTRANCE DE LA VILLE DE PARIS, A LA REYNE REGENTE MERE DV ROY, Sur le faict des Thoisez. , françaisRéférence RIM : M0_3307. Cote locale : C_9_48.
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ny de celles basties en vertu de Permissions en bonne forme,
ou qui en ont obtenu lettres de don & remise : mais seulement
les maisons basties au delà des anciennes bornes.

 

Mais cét Arrest n’est point vn remede suffisant à son mal parce
que la Taxe qui est faite contre cette ville, subsiste tousiours,
& sa liberté oppressée par la leuée que l’on en veut faire contre
les ordres publics en vertu de cét Arrest du Conseil, dont la consequence
emporte auec soi la ruine entiere de ses priuileges.

Et quoi que par cét Arrest, on dise que l’on n’en veut qu’aux
faux-bourgs : & que d’ailleurs on les diuise, pour n’y comprendre
que ce qui est au delà des anciennes bornes, neantmoins il est
mal-aisé qu’elle ne ressente ce coup aussi sensiblement que si
c’estoit elle mesme, puis que c’est vne partie dont elle est le tout,
qui n’en peut estre separée sans vne extreme violence.

D’ailleurs, comme l’iniustice n’a point de bornes, ils passeront
sans doute en suite au reste des faux bourgs, & puis à la ville :
mais comme cette entreprise ne leur peut pas reũssir d’abord,
ils ne la veulent prendre que par parties, & pour les affoiblir dauantage
les diuiser les vnes des autres, comme le Gange de
Xerxes.

Et quoi que pour oster les iustes deffiances du peuple on ajouste,
que la leuée en sera faite par les Bourgeois, neantmoins
comme cette asseurance ne luy est donnée que par vn Arrest du
Conseil, la facilité qu’il y a d’en changer la disposition, & leur
instabilité les accroist plustost, que de les effacer.

Les Arrests du Conseil du Roy ne passent point dãs le Royaume
pour des contracts de bonne foy : & c’est pourquoy comme
vn Ancien disoit autresfois, que les parjures pour estre creus deuoient
chercher de nouueaux Dieux ; les Partisans qui ont aussi
en mille rencontres tomerairemenr engagé, & impunément
violé le nom & la parole du Roy, doiuent chercher d’autres
voyes pour authoriser leurs promesses, que des simples Arrests
du Conseil : veu mesmes que les Lettres de Declaration bien &
deuëment verifiées, ne les peuuent pas retenir.

Leurs sermens ne sont que des pieges pour y engager les plus
simples, & il ne tombera point sous le sens, qu’apres qu’ils auront
leué vn million, ils n’en leuent en suite le triple pour eux ;



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