Anonyme [1649], REMERCIMENT DE PARIS A MONSEIGNEVR LE DVC DORLEANS, POVR LE RETOVR DV ROY ET DE LA REYNE. , françaisRéférence RIM : M0_3275. Cote locale : C_8_47.
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Mais point de Pilote suprême,
Ainsi dans ce peril extrême
I’ay failly cent fois de perir
Sans sçauoir à qui recourir :
Et cent fois vn nouuel orage
M’a mis à deux doigts du naufrage.
Quoy ! sept mois sans Chef vn grand Corps !
O quel monstre i’estois alors !
O quelle épouuantable Beste,
Qu’vn si nombreux Peuple sans Teste !
Quoy ! sept mois sans voir mon Soleil !
O mal sans doute sans pareil !
O prodigieuse aduanture !
Veit-on iamais dans la Nature
Vn Eclypse durer si fort
Par l’extrauagance du sort ?
Ouy, sans le Roy mon plus doux Astre
Mes Bourgeois n’ont eu que desastre,
Et loin de ses rayons diuins
Ils sembloient tous des Quinze-vingts,
Ils tastonnoient dans les tenebres,
Ils trouuoient tous obiects funebres ;
Ce n’estoit que confusion,
Horreur, crainte, & diuision,
Soupçon, murmure, défiance,
Chagrin, tristesse, impatience,
Perpetüel aueuglement,
Perpetüel déreglement :
Les Sages les mains dans leurs poches
Estonnez en fondeurs de Cloches,
Sans donner ordre à l’auenir
Ne sçauoient plus que deuenir.
Les Poltrons forgeoient des alarmes,
Les braues déroüilloient leurs armes ;

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