Anonyme [1649], REMERCIMENT AV ROY, PAR MESSIERS LES ADVOCATS DV PARLEMENT DE PARIS. , françaisRéférence RIM : M0_3286. Cote locale : C_9_35.
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Remerciment au Roy, par Messieurs les Aduocats du
Parlement de Paris.

SIRE,

Vos extraordinaires faits d’armes, sont la matiere ordinaire
de ceux qui vous loüent. Tous s’attachent à vostre vaillance
recognuë, & confessée par vos ennemis sans contredit,
pour ce que c’est vne piece que la Nature vous a donnée par
preciput, sur tous les Princes de la terre. Ainsi ils mettent leurs
escrits à l’abry de l’enuie des presens, & sont bien asseurez que
la posterité libre en ses iugemens, ne le pourra picoter : La vertu
eminente & plus qu’humaine ayant cela de propre, qu’elle se
fait honorer à force ; personne n’en ose parler qu’en bien ; & ce
qui est plus admirable, la longue absence, qui faict perdre les
biens de fortune, conserue les siens. De sorte que tant plus il y a
que leur Maistre est mort, tant plus ils sont viuans & forts pour
gangner le prix sur les actions des successeurs. C’est pourquoy
ceux qui ont autrefois mis à la balance ces deux grands Poëtes,
Homere & Virgile, ont trouué que celuy-là n’emportoit l’autre
que pour son ancienneté (à cause de milans.)

Et vous SIRE, qui vous parangonneroit à Cesar ou Alexandre,
on ne pourroit remarquer en eux par dessus vous autre
chose, sinon qu’ils sont les premiers en datte. Le priuilege du
temps n’est pas honneste, & ne fait encherir la chose, quand elle
est opposée à vne autre de pareille valeur. Et à le bien prendre,
ces deux Heroës n’ont excellé, qu’en vne des parties de la vie,
à sçauoir, en la guerre : pour la paix l’vn la passoit en buuettes &



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