Anonyme [1649], REMERCIEMENT DES BOVRGEOIS DE PARIS, A MONSIEVR LE COADIVTEVR, Archeuesque de Corinthe; OV RECOGNOISSANCE DES OVAILLES enuers leur vray Pasteur. , françaisRéférence RIM : M0_3279. Cote locale : A_8_65.
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Dieu est iuste. Les Anciens disoient, que leurs Diuinitez
auoient des pieds de laine, mais des bras de fer. Dieu
differe aucunefois l’execution de sa Iustice, par sa bonté,
attendant nostre conuersion : Mais quand il void
nos cœurs endurcis au mal, que son bras est pesant, que
ses Iugemens sont espouuentables ! Continuez, ô grand
Prelat ! de leur faire des Remonstrances. Là vostre Eloquence,
dont (comme cét Herault Gaulois) vous attirez
à vous tous les cœurs par les oreilles, & la verité de
vos Discours, qui est bien plus forte, peut-estre les touchera.
Les assiduitez que vous & vostre Clergé rendez
au Seruice de Dieu, peut-estre appaisera son ire. Mais
si les prieres, les vœux, les submissions & les larmes, ne
peuuent fléchir le cœur de nos Ennemis,
cape saxa manu, cape robora Pastor,
Prenez en main, ô digne Prelat ! les armes spirituelles &
temporelles, Vous serez suiuy, vos Oüailles cognoissent
vostre voix, & vous cognoissez ce qui leur est propre.
Vous n’estes pas de ces Euesques qui ne remplissent les
Chaites & les Temples de leurs Discours fardez, que
pour acquerir la bienueillance des Ministres, & estre
eux-mesmes Ministres de leur ambition ; & aussi tost
qu’ils ont acquis ce que leurs naissances ny leurs vertus
ne meritent pas, ils deuiennent muets, n’ont plus d’eloquence,
ny de science, que pour flater honteusement
leurs bienfacteurs, pallier leurs vices, & conniuer à leurs
pernicieux desseins. Mais vous, Monseigneur, tant plus
vous auez de dignitez, tant plus auez-vous veritablement
de charge. Et il semble que comme vn autre Hercule,
le Ciel vous voulant esprouuer, vous fasse tous les


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