Anonyme [1652], REMEDE AVX MAL-HEVRS DE L’ESTAT AV SVIET DE LA QVESTION. SI LA VOIX DV PEVPLE est la voix de Dieu. , françaisRéférence RIM : M0_3270. Cote locale : B_20_43.
page précédent(e)

page suivant(e)

-- 24 --

Roy, puis qu’ils ne reçoiuent leur solde. Cause pourquoy
les Prouinces entieres sont rẽduës insoluables
& impuissantes der payer tailles. Ce desordre ne se
fait point faute de finances, car on en leue pour
mettre des millions d’hommes en armes, mais elles
ne sont distribuées aux gens de guerre. Le gain
d’vne ville en vne campagne qui couste plus que ne
vaut vne Prouince, suffit pour contenter le Prince, &
pour luy faire croire que ses armes ont grandement
prosperé, au lieu qu’elles deuoient auoir reduit des
Prouinces entieres. O tromperie ! ô auarice ! ô ignominie !
n’est-ce point vne vilanie honteuse pour la
Noblesse de France ! L’Estranger feroit la guerre
dix ans pour ce qu’il couste en six mois en France ; il
seroit necessaire de continuer la guerre contre l’Estranger
afin de purger le Royaume de gens superflus
& inutils, pourueu que la discipline militaire y
fust obseruée, & que les finances du Prince y fussent
fidellement mesnagées. Mais au contraire, n’est-ce
point chose prodigieuse qu’vne poignée de gens
en Hollande ait obligé vn puissant Roy à leur donner
la paix comme à des Souuerains, encore qu’ils
luy fussent sujets legitimes ? Quelle honte qu’il
faille aller à leur eschole pour apprendre l’art
militaire, & que leur bon mesnage ne nous
puisse toucher ? Crions donc, crions mesnages
des finances : car c’est par où il faut commencer
pour empescher les desordres que la gendarmerie,
faute desolde, comme si cruellement sur
nos terres. N’est-ce point desesperer les peuples ?


page précédent(e)

page suivant(e)