Bouillon, & d’autres grands Seigneurs, qui estans affectionez
à leur Patrie & au bien public, vont augmentans
leur affection, & le desir qu’ils ont de chasser,
l’ennemy de l’Estat & son perturbateur. Ces
grands Heros & inuincibles guerriers, ausquels Mars
prepare à toutes leurs entreprises belliqueuses ; des
Palmes & des Lauriers, chacun fait gloire de les suiure,
& de batailler sous leurs heureuses conduites.
Toutes les parties qui composoient cette armée sortoient
de toutes parts, & depuis sept heures du matin
iusqu’à deux heurs apres midy, les Compagnies marchoient
auec vn ordre bien reglé, & vne contenance
graue & maiestueuse qui a donné autant d’admiration
aux Estrangers, qu’ils ont veu dans l’espace de
ce temps cotté, plus de soldats qu’on ne pourroit trouuer
dans la France, auec des spectateurs en plus grãds
nombres qui composoient plus de deux cents milles
hommes, les Bourgeois faisoient vne partie de ce
composé, temoignoient vn visage rians & vn pas asseuré,
& leur action témoigne assez le desir qu’ils ont
de ce garentir de ce cruel oppresseur.

Mais ce qui attire l’admiration, & le rauissement
des cœurs : est que ces nobles Concitoyens, ce font
enfans de Mars de leur propre mouuement, sans y
estre poussé ny contraint, c’est ce qui me faict dire,
que le Dieu des armées anime leur courage & échauffe
leur volonté.

Les Archers de la ville sortirent aussi pour conduire
la munition, la Cauallerie fut la preambulaire, qui
estoit de trois ou quatre mil cheuaux qui firent les