Anonyme [1649], RELATION VERITABLE De la mort barbare & cruelle du Roy d’Angleterre. Arriuée à Londres le huictiesme Fevrier mil six cens quarente-neuf. , françaisRéférence RIM : M0_3241. Cote locale : C_9_33.
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l’vn de ses bourreaux, laissa tomber vne hache bien
affilée, qui entra iusques dans le bois. Ce coup execrable
ne fut pas si-tost donné, que les soldats mirent
l’espée à la main & crierent Liberté, liberté, l’vn
des bourreaux, fichant la teste de cét infortuné Prince
au bout d’vne pertuisane, la monstra à ces infames
& barbares spectateurs, en criant voila la teste du
traistre, aussi tost les bourreaux disparurent, & le
lasche Peuple de Londres, qui ne l’a osé deliurer durant
sa vie, donne des larmes & des regrets inutiles à
son espouuentable mort.

 

Fairfax fit publier le lendemain par toute l’Angleterre
que ce n’estoit plus vn Royaume mais vne
Republique.

Ne fremissez vous pas Chrestiens, à la veuë de ce
sanglant spectacle ; Et vous Princes, Monarques,
Potentats, qui auez souffert la prison de ce Prince,
si honteuse à vos dignitez independantes, ne ferez
vous pas vne paix generale, pour venger la mort de
ce Roy, vous y estes obligez par honneur & par interest,
& serez contables deuant Dieu, d’vne partie
de ce crime, pour ne l’auoir pas détourné, si vous
n’en tesmoignez des ressentimens de colere & de
vengeance. Et toy Occean qui enuironne cét Isle
malheureuse, que ne vomis-tu les eaux de tes abysmes
pour la submerger : Dieu, laschez luy la bride,
& rompez les limites que vous luy auez prescrites
de ce costé-là : Et que tous les Elemens conspirent
à la destruction de ces barbares, si les hommes
& les Princes n’y veulent pas trauailler.



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