Anonyme [1649], RELATION VERITABLE De la mort barbare & cruelle du Roy d’Angleterre. Arriuée à Londres le huictiesme Fevrier mil six cens quarente-neuf. , françaisRéférence RIM : M0_3241. Cote locale : C_9_33.
page précédent(e)

page suivant(e)

-- 6 --

vit encore ses deux enfans le Dimanche & le Lundy,
qui estoient le plus grand sujet de sa douleur. Le
Mardy 9. de Feurier iour destiné à ce meurtre execrable,
l’on dressa vn eschaffaut deuant le Palais du Roy,
où l’on attacha quatre gros anneaux de fer ou de
cuiure, l’eschaffaut fut couuert d’vn drap noir ; &
le matin on enuoya au Roy vn habit de satin noir, &
vne robe de Chambre de mesme estoffe.

 

I’auois oublié à vous dire que les Ambassadeurs
des Princes Estrangers, espouuantez de cette nouuelle,
furent tous demander audiance au Parlement,
pour tascher de détourner ce detestable attentat,
mais elle leur fut refusée, & nostre Ambassadeur sur
tout fit tous ses efforts pour leur parler, mais il ne
luy fut iamais possible. Ces Messieurs firent dire aux
Ambassadeurs qu’ils les prioient de les excuser, pour
vn iour ou deux, & qu’ils auoient des affaires de
grande importance à demesler.

La plume me tombe des mains, & il semble que
ie ne sçaurois venir à la Catastrophe de cette sanglante
tragedie, tant l’horreur me saisit & me possede.
Le Roy, le meilleur Roy du monde, est traisné
comme vn agneau à la boucherie, & liuré à ces ames
barbares pour assouuir leur rage & leur fureur ; on
/> le meine de sa prison, à la place destinée pour cét acte
execrable, il y marche sans contrainte, & la mort ne
sçauroit effacer de son visage sacré, l’Image viuante
de Dieu, pour y marquer la sienne. Estant arriué à
l’eschaffaut, il demanda à parler au Parlement, disant
qu’il auoit quelque secret de consequence à leur
reueler, mais cela luy fut refusé, & on luy ordonna



page précédent(e)

page suivant(e)