Anonyme [1652], RELATION VERITABLE De ce qui s’est passé à la leuée du siege d’Estampes, qui fut Vendredy dernier septiesme du courant, à vne heure apres midy. Auec la deffaite des trouppes du Mareschal de Turenne, par l’armée de Messieurs les Princes, commandée par le Comte de Tauannés. , françaisRéférence RIM : M0_3212. Cote locale : B_19_40.
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Lorraines, lesquelles ayant desia ioint, comme on
luy mandoit de la Cour, les bords de la Seine seroiẽt
bien-tost en estat de former de puissants obstacles à
leur marche, s’ils ne se hastoient promptement d’en
anticiper le passage par vne prompte retraite, Bref,
il leur fit aprehender le peril qu’il y auoit de s’opiniastrer
plus long-temps à la continuation d’vn siege,
qui ne pouuoit iamais reüssir qu’à la confusion des
attaquants, & à la ruine generalle de toute leur armée,
quand mesme il ne seroit soustenu que par la
seule valeur des assiegez, sans esperance d’aucun
secours estranger.

 

Plusieurs Officiers, qui ne se voyoient point assés
forts pour soustenir les reproches d’vn si sensible demantyr ;
ne purẽt d’abord digerer cette proposition,
de leuer le siege, qu’auec des conuulsions qu’on ne
sçauroit iamais exprimer ; & la honte d’vn si mortel
afront s’empara bien si puissament de l’esprit de certains,
qu’ils concluoient ouuertement au desespoir,
c’est à dire, à perir plustost que de reculer : si le iugement
& le nombre des plus sages n’eusse preualu
pour faire condescendre tout le Conseil à ce coup de
prudence, qu’il estoit plus honorable de se retirer
auec vn peu de honte que de perir auec desespoir.

Ce resultat de la deliberation fut suiuy d’vn ordre
secret que le Mareschal de Turenne fit donner pour
le landemain à tous les Officiers de l’armée, & qu’on
commença d’executer Vendredy 7. du courant à 8.
heures du matin. Cette necessité fut à la verité bien



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