Anonyme [1649], RELATION FIDELE DE CE QVI S’EST PASSÉ DE PLVS remarquable au Parlement. Depuis le 10. Feburier 1649. iusques au premier de Mars ensuiuant. , françaisRéférence RIM : M0_3170. Cote locale : E_1_38.
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vn Herault, estoit incompatible auec la qualité de tres-humbles
Officiers & Subjets : Que la Compagnie n’auoit pas cette pensée,
que le malheur qui l’auoit esloigné de la veue de son Prince, l’eust
esleué en vn moment à vne puissance souueraine au dessus de sa
condition : Qu’elle conseruoit toûjours ces mesmes respects pour
son Souuerain, dont ils supplioient leurs Majestez de prendre de
nouuelles asseurances par leurs bouches, & receuoir les protestations
de son inuiolable fidelité.

 

La Reine ayant commandé à Monsieur le Chancelier de faire
entendre sa volonté, leur dit qu’elle auoit agreable les tesmoignages
de sousmission, & de respect de la Compagnie, qu’elle souhaitoit
en voir des effets pour en confirmer les asseurances, & que la
Reine outre sa bonté naturelle auoit toutes les dispositions à la
douceur ; qu’ils pouuoient donner des asseurances publiques &
particulieres, qu’il ne seroit fait aucun mauuais traitement ny au
general ny aux particuliers, soit à leurs biens, à leurs charges ou
à leur honneur & à leur vie, sans en excepter aucun.

Cette relation seroit imparfaite si nous obmettions à vous faire
part de ce qui s’est passe au Parlement le Vendredy dix-neufiéme
de ce mois.

Monsieur le Prince de Conty a dit à la Compagnie que le jour
precedent vn Gentilhomme de l’Archiduc Leopold l’estoit venu
trouuer pour luy dire qu’il auoit ordre de rendre vne. Lettre au
Parlement de la part de son Maistre, & de luy expliquer sa creance
de le rendre arbitre de la Paix d’entre les deux Couronnes, que
l’Archiduc Leopold ayant esté recherché depuis vn mois par le
Cardinal Mazarin, pour conclure la paix d’Espagne à des conditions
tres-aduantageuses, puis offroit d’abandonner le fruict de
nos conquestes, pourueu que le Roy d’Espagne enuoya ses troupes
pour chastier le Parlement & la ville de Paris, il n’auoit pas voulu
accepter ces conditiõs, estimant qu’il ne pouuoit traiter vne paix,
ny seure ny honneste auec vn Ministre condãné cõme ennemy de
l’Estat, & Perturbateur du repos public, que le Gentilhomme estoit
à la porte du Parlement, demandoit à exposer sa creance &
presenter la Lettre. L’affaire mise en deliberation apres auoir
mandé les Gens du Roy, & donné leurs conclusions de viue voix,
il passa à receuoir l’enuoyé de l’Archiduc & l’ouyr en sa creance,
mais de ne rien resoudre que par l’ordre de la Reine, & apres luy
auoir porté la Lettre de l’Archiduc, & la creance de l’Enuoyé signée



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